Published On: juin 6, 2024

Territoires non-cédés de la Nation algonquine anishinaabe [OTTAWA], 6 juin 2024:

Aujourd’hui, des personnes d’un bout à l’autre du pays qui ont été directement touchées par des catastrophes climatiques – y compris les incendies, les inondations, le chaleur extrême et l’élévation du niveau de la mer – se sont exprimées lors d’une conférence de presse multipartite sur la colline Parlementaire pour demander que cessent les retards dans le plafonnement des émissions du secteur pétrolier et gazier, qui aggravent les changements climatiques.

Ces Canadien.ne.s s’expriment et racontent leurs histoires avant la réunion de la comité de l’environnement de la Chambre des communes de cet après-midi à 15h30. Au cours de cette réunion,  les dirigeant.e.s de Suncor, Imperial Oil, Cenovus Energy, Shell et Enbridge devront répondre à des questions sur l’augmentation des émissions de leurs entreprises alors qu’elles enregistrent des bénéfices records.

Organisée par le Réseau action climat Canada, la conférence de presse était coparrainée par la députée néo-démocrate Laurel Collins, le député libéral Patrick Weiler, la députée bloquiste Monique Pauzé et la chef du Parti vert et députée Elizabeth May.

« Les changements climatiques nuisent aux agriculteurs du Canada. Les vieux almanachs des agriculteurs ne disent pas comment se préparer à un été comme celui de l’année dernière, où une combinaison d’événements climatiques extrêmes a fait de cette saison la dernière pour de nombreuses exploitations agricoles au Québec. Une période de sécheresse de six semaines et un air constamment enfumé par les feux de forêt dans toute la province ont été suivis par deux mois de fortes pluies toutes les 12 heures. À cela se sont ajoutées des tempêtes de grêle et de vent. Les autorités sanitaires recommandaient de rester à l’intérieur en raison de la mauvaise qualité de l’air, mais nous devions travailler dans les champs. Cette année, nous avons déjà reçu notre première alerte à la tornade dans notre région et il y a eu des alertes à la grêle chaque semaine au cours du mois dernier. Une tornade ou une tempête de grêle pourrait entraîner une perte totale des récoltes et compromettre gravement la viabilité de notre entreprise. Le gouvernement fédéral devrait utiliser tous les outils dont il dispose pour réduire les émissions contribuant aux changements climatiques. »
Clémence Briand-Racine, agricultrice biologique et mère de famille, qui vit et travaille dans la région de l’Outaouais, au Québec

La conférence de presse a eu lieu un jour après que le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a qualifié le secteur des combustibles fossiles de « parrains du chaos climatique », lui reprochant son « inlassable zèle pour entraver le progrès ».

Trois entreprises – Suncor, Cenovus Energy et Imperial Oil – dont les dirigeant.e.s doivent s’exprimer aujourd’hui devant la commission parlementaire ENVI, sont membres du groupe de lobby L’Alliance nouvelles voies.

  • Un nouveau rapport d’InfluenceMap montre que l’Alliance nouvelles voies tente de faire dérailler le plafonnement des émissions, une politique longuement retardée et pourtant essentielle pour que le Canada atteigne ses objectifs en matière de climat. Le gouvernement fédéral a publié un cadre pour le plafonnement des émissions l’automne dernier, mais n’a toujours pas publié le projet de règlement.

  • Le rapport montre également que si l’Alliance nouvelles voies défend publiquement le captage et le stockage du carbone en tant que solution climatique, dans sa communication avec les décideurs politiques, elle exprime des doutes quant à la capacité de cette technologie risquée et onéreuse à atteindre les objectifs de réduction des émissions.

  • Une étude récente a pointé du doigt les publicités de l’Alliance nouvelles voies pour désinformation, tandis que le Bureau de la concurrence enquête sur les publicités pour écoblanchiment.

« Alors que l’industrie des combustibles fossiles tente d’affaiblir et de bloquer la politique climatique, les gens à travers le Canada souffrent déjà des catastrophes climatiques. La science est claire: pour éviter que les catastrophes climatiques ne s’aggravent et pour assurer la sécurité des personnes, nous devons réduire les émissions plus rapidement et plus profondément. Les politiciens fédéraux doivent écouter la majorité des Canadiens qui soutiennent l’idée de limiter les émissions de pétrole et de gaz, et non les PDG avides de pétrole et de gaz qui engrangent des profits records alors que leurs entreprises polluent notre climat. Le Canada doit immédiatement réglementer le secteur pétrolier et gazier – plus de retards, plus d’échappatoires. »
Alex Cool-Fergus, responsable des politiques nationales, Réseau action climat Canada

Selon le dernier rapport d’inventaire national, les émissions du secteur pétrolier et gazier empêchent les réductions d’émissions dans d’autres secteurs. Ce secteur est responsable de près d’un tiers des émissions nationales, soit beaucoup plus que n’importe quelle autre industrie. Les émissions de ce secteur ont augmenté de 83 % entre 1990 et 2022.

Les émissions de combustibles fossiles sont le moteur du changement climatique, qui accroît la probabilité et la gravité des phénomènes météorologiques extrêmes tels que les incendies de forêt, les vagues de chaleur et les inondations.

  • L’année dernière, des scientifiques ont constaté que le changement climatique multipliait par deux les conditions météorologiques à l’origine des incendies au Québec.

  • Une autre étude a montré que les émissions des 88 principaux producteurs de pétrole et de gaz étaient directement liées à l’augmentation des incendies de forêt dans l’ouest du Canada et des États-Unis.

Lors de la conférence de presse d’aujourd’hui, les participants ont partagé des témoignages poignants sur les pertes subies, soulignant comment le changement climatique a déjà un impact sur les populations à travers le Canada.

« Il y a dix mois, un incendie de forêt a détruit la maison de ma famille à Kelowna. Je ne pourrai jamais récupérer ce que nous avons perdu – le fauteuil dans lequel j’ai bercé mon petit-fils pour qu’il s’endorme, l’escalier dans lequel j’ai tenu ma fille après son premier chagrin d’amour, les décorations de Noël que mes enfants ont fabriquées.Partout au Canada, des gens comme moi perdent leur maison à cause des incendies de forêt. Nous ne pouvons pas empêcher tous les incendies ou toutes les inondations, mais nous pouvons empêcher qu’ils deviennent plus fréquents et plus intenses. C’est pourquoi je demande aux politiciens fédéraux de cesser de retarder et de plafonner les émissions de pétrole et de gaz qui sont à l’origine du changement climatique.Il n’est que juste que le secteur responsable de la plus grande source de pollution climatique fasse sa part pour limiter les dégâts. »
Heather Mackay, coiffeuse et grand-mère, a perdu sa maison dans l’incendie de Kelowna l’été dernier.

« L’incendie de 2021 à Lytton a dévasté ma communauté, et l’impact de ce traumatisme sur nos vies – et sur celles de nos enfants – durera longtemps après la reconstruction des bâtiments.Les Canadiens souffrent déjà des catastrophes climatiques, et la fréquence et l’intensité de ces catastrophes vont augmenter, d’un océan à l’autre, à moins que nous ne parvenions à freiner l’accélération du changement climatique.Nous devons plafonner les émissions de combustibles fossiles dès maintenant – il n’y a plus de temps à perdre. »
Meghan Fandrich, habitante de Lytton et auteure de Burning Sage : Poems from the Lytton fire.

« Dans le Nord, nous observons de près le changement climatique. Nos hivers sont de plus en plus courts. Le printemps s’allonge.L’été est de plus en plus chaud, avec des températures de plus de 20 degrés.Dans le Nord, nous chassons sur la terre et cela nous maintient en bonne santé. Avec le changement climatique, il est plus difficile et plus risqué de chasser car certaines parties de la glace s’amincissent. Le changement climatique fait également monter le niveau de la mer.Le port de notre village risque d’être emporté par les eaux.Les scientifiques locaux affirment qu’il aura disparu dans 15 ans. »
Darryl Tedjuk, habitant de Tuktoyaktuk, un village de pêcheurs situé sur les rives de l’océan Arctique.

« En novembre 2021, je me suis réveillée avec de l’eau qui traversait notre cour et se dirigeait vers notre maison.Ni ma fille ni moi n’avions jamais connu d’inondation auparavant.C’était effrayant. Nous sommes partis à 4h30 du matin. L’eau a continué à s’écouler dans la maison jusqu’à 9 heures. Il y a des choses que l’inondation a détruites et que je ne peux pas récupérer : le meuble-lavabo antique que ma grand-mère m’a légué, tous les cadeaux de fête des pères que mon mari a reçus au cours des dix dernières années, tout cela a disparu. Il a fallu deux ans pour réparer notre maison. »
-Diana Boston, membre de la bande d’Upper Nicola, Sa maison a été gravement endommagée lors d’une inondation survenue en 2021 à Merritt, en Colombie-Britannique.

L’enregistrement de la conférence de presse est disponible ici. Des images sont disponibles dans ce dossier.

Biographies complètes des participants à la conférence de presse d’aujourd’hui :

  • Clémence Briand-Racine est une agricultrice biologique et une maman qui vit et travaille dans la région de l’Outaouais, au Québec. Avec son partenaire, elle possède et dirige la Ferme aux colibris, une ferme diversifiée de légumes et de fleurs certifiés biologiques.

  • Heather Mackay, coiffeuse, mère et grand-mère, qui a perdu sa maison dans l’incendie de Kelowna l’été dernier.

  • Darryl Tedjuk, habitant de Tuktoyaktuk, un village de pêcheurs situé sur les rives de l’océan Arctique, menacé par l’élévation du niveau de la mer. Darryl travaille sur un documentaire, Happening to Us, sur les impacts climatiques dans sa communauté.

  • Diana Boston est membre de la bande d’Upper Nicola, la seule communauté Sylix (Okanagan) dans la vallée de Nicola. Sa maison a été gravement endommagée lors de l’inondation de 2021 à Merritt, en Colombie-Britannique.

  • Meghan Fandrich est une résidente de Lytton, une mère, une écrivaine neurodivergente et l’auteure de  Burning Sage: Poems from the Lytton fire.

  • Alex Cool-Fergus est Directrice des politiques nationales au Réseau action climat Canada.

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Climate Action Network – Réseau action climat (CAN-Rac) Canada est le plus vaste réseau d’organisations travaillant sur les questions liées aux changements climatiques et à l’énergie au Canada. Il s’agit d’une coalition de 150 organisations opérant d’un océan à l’autre. Nos membres rassemblent des groupes environnementaux, des syndicats, des Premières Nations, des organisations de justice sociale, de développement, de santé et de jeunesse, des groupes religieux et des initiatives locales.

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