Territoires non-cédés de la Nation algonquine anishinaabe [OTTAWA] / DUBAÏ, 7 décembre 2023 :
Les groupes environnementaux et la société civile de partout au Canada accueillent favorablement la publication du cadre de plafonnement des émissions de pétrole et de gaz, attendu depuis longtemps. Lors d’une COP où les impacts destructeurs des combustibles fossiles sont au cœur des négociations mondiales, la décision du Canada d’enfin limiter les émissions de l’industrie pétrolière et gazière envoie un signal international important.
Après des années d’augmentation des émissions des entreprises de combustibles fossiles – années durant lesquelles les émissions ont diminué dans d’autres secteurs – le cadre publié aujourd’hui démontre qu’il est nécessaire de reconnaître que l’industrie pétrolière et gazière ne contribuera pas de manière équitable aux efforts nationaux du Canada en matière de climat si elle est laissée à elle-même. Le rapport sur le progrès du Plan de réduction des émissions, publié aujourd’hui également, démontre la nécessité d’agir de manière urgente et décisive pour limiter les émissions de l’industrie fossile dès que possible. Mais à moins que le Canada implante ce cadre sur le plafonnement des émissions avec une réglementation formelle au début 2024, l’objectif climatique du gouvernement pour 2030 restera hors de portée.
L’annonce d’aujourd’hui est une victoire importante pour la société civile et pour tous les Canadien.ne.s, dont la grande majorité est favorable à un plafonnement ambitieux des émissions du secteur pétrolier et gazier. La publication du cadre est l’aboutissement d’une mobilisation de la société civile, du gouvernement et d’un large pan de l’échiquier politique.
Alors que les consultations se poursuivent en vue du projet de règlement, le Réseau action climat Canada (CAN-Rac) demande au gouvernement fédéral d’accroître, sans plus tarder, le niveau d’ambition du plafonnement. Le secteur pétrolier et gazier doit réduire ses émissions davantage et plus rapidement. L’Agence internationale de l’énergie a récemment déclaré que pour maintenir le réchauffement sous1,5 degrés, les émissions de l’industrie des combustibles fossiles doivent être réduites de 60 % d’ici 2030.
« En publiant son cadre sur le plafonnement des émissions du secteur pétrolier et gazier à la COP28, le ministre Guilbeault soutient sa diplomatie par une action nationale, » a déclaré Caroline Brouillette, directrice générale du Réseau action climat Canada. « Les progrès attendus depuis longtemps sur cette réglementation sont le résultat des efforts inlassables des défenseurs du climat, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du gouvernement. Cependant, les Canadien.ne.s et le monde ne peuvent attendre trois années supplémentaires de destruction de la part de l’industrie des énergies fossiles. Que le gouvernement propose une mise en œuvre de cette réglementation en 2026 est simplement inacceptable. »
« Nous devons maintenant redoubler d’efforts pour nous assurer que le projet de règlement soit déposé d’ici février et que l’industrie pétrolière et gazière fasse enfin sa juste part de l’effort national en matière de climat dès maintenant. Chaque jour de plus où les émissions de l’industrie pétrolière et gazière ne sont pas réglementées signifie des effets dévastateurs sur la santé, davantage de catastrophes climatiques, et une augmentation du coût de la vie pour les familles et les communautés. Les tentatives désespérées de l’industrie pétrolière et gazière du Canada pour éviter la réglementation à tout prix ne feront que s’intensifier, tout comme le doit la détermination du gouvernement à se ranger du côté des gens et de la planète. »
CAN-Rac exhorte le gouvernement du Canada à finaliser immédiatement le règlement sur le plafonnement des émissions afin de limiter les tactiques dilatoires du lobby des énergies fossiles et de ses allié.e.s politiques.
Citations de la société civile canadienne
Anne-Céline Guyon, analyste climat-énergie, Nature Québec:
« Nous nous réjouissons que le gouvernement fédéral aille de l’avant en franchissant cette étape importante vers le projet de plafonnement et de réduction des émissions du secteur des combustibles fossiles. Il est rassurant de voir qu’Ottawa n’a pas cédé aux menaces et est allé de l’avant dans sa volonté d’imposer aux gazières et pétrolières une réglementation pour réduire leurs émissions malgré un lobbying intensif de l’industrie et des gouvernements de certaines provinces de l’Ouest pour qu’il y renonce. Il n’en demeure pas moins qu’une partie des outils qui seront autorisés pour y arriver représente encore une porte de sortie pour l’industrie quant au travail réel de réduction de ses émissions qu’elle a à faire. Compenser les émissions par un système d’échange de crédit carbone ou en mettant de l’argent dans un fond de décarbonation, ne sont définitivement pas des réductions réelles d’émissions. Quant à la cible 2030, elle n’est absolument pas juste en comparaison de la responsabilité du secteur dans la crise climatique. »
Tom Green, analyste principal des politiques climatiques à la Fondation Suzuki:
« Le gouvernement se dote enfin d’un nouvel outil pour réduire les émissions de l’industrie du pétrole et du gaz. Nous ferons pression pour que les règles soient renforcées afin que le plafond se traduise par des réductions réelles. Nous sommes préoccupé.e.s par le fait que le cadre permette à l’industrie de contourner la réduction réelle de ses émissions par le biais de compensations et d’un fonds de décarbonation. Si l’industrie est autorisée à acheter le respect des règles et sa conformité, les émissions continueront d’augmenter et d’accélérer la crise climatique. Nous exhortons le gouvernement fédéral à passer rapidement à la mise en œuvre de ce cadre réglementaire, afin que le secteur le plus polluant du Canada soit contraint d’assainir ses activités. »
Simon Guiroy, Coordonnateur, Front étudiant d’action climatique (FÉDAC):
« L’expansion de l’industrie des énergies fossiles représente la plus grande menace climatique au Canada. Malgré la gravité de la crise, les pressions des lobbyistes pétroliers et gaziers ont réussi à affaiblir les ambitions du cadre du plafonnement. Il est impératif que la société civile fasse à son tour pression sur le gouvernement fédéral, pour l’amener à adopter un plafonnement fort et à rehausser ses cibles de plafonnement, sans quoi nous nous retrouverons avec un chèque en blanc. »
Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie, Greenpeace Canada:
« Ce n’est pas le plafond d’émissions ambitieux dont nous avons besoin pour nous engager sur la voie de l’élimination progressive, complète, rapide et équitable des combustibles fossiles, de manière à éviter les pires impacts des changements climatiques. La pression impitoyable exercée par les lobbyistes pétroliers et gaziers et les premiers ministres provinciaux qui travaillent à obtenir des objectifs plus faibles et des échappatoires, aura des coûts énormes s’ils ont gain de cause. Les conditions météorologiques extrêmes et les incendies de forêt dévastent déjà des vies et des écosystèmes au Canada, ayant notamment forcé plus de 100 000 personnes à quitter leur domicile cet été. Pour qu’on se souvienne d’eux que comme étant autre chose que des parias du climat, les dirigeants du secteur pétrolier et gazier canadien devraient suivre l’appel de l’Agence internationale de l’énergie à cesser de lutter contre un avenir sécuritaire et à opérer une transition rapide vers l’énergie propre. »
Andréanne Brazeau, analyste des politiques climatiques, Équiterre :
« On se réjouit d’enfin voir prendre forme le prochain règlement sur le plafonnement des émissions de gaz à effet des secteurs pétrolier et gazier. La détermination du gouvernement du Canada est à souligner quand on sait à quel point il y a de la résistance à l’égard de toute forme de réglementation de la part de l’industrie fossile, dont les pratiques de désinformation et d’écoblanchiment sont appuyées et même amplifiées par certains gouvernements provinciaux. Dans sa forme actuelle, le cadre manque toutefois d’ambition et de rigueur. Il comporte trop d’échappatoires, dont les crédits compensatoires, et il entrera seulement en vigueur en 2026, ce qui est bien trop tard si on souhaite que le secteur pétrogazier fasse réellement sa part. »
Denis Bolduc, secrétaire général à la FTQ:
« Nous saluons ce nouvel engagement du gouvernement fédéral, qui, espérons-le, respectera aussi les principes de transition juste. Par contre, nous continuons à nous opposer à toute forme d’expansion des énergies fossiles et les systèmes de captation ne sont pas une solution ni une voie de passage pour continuer à exploiter le pétrole et le gaz. »
Patricia Clermont, Ph.D, Coordonnatrice et responsable des communications de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME):
« Nous nous réjouissons que le gouvernement canadien annonce enfin un projet du cadre de plafonnement des émissions du secteur pétrolier et gazier car nous commencions à craindre que cela n’arrive pas. Toutefois, nous restons inquiets et inquiètes quant à la rapidité – nécessaire – à laquelle des règlements concrets doivent succéder et être mis en place car nous ne pouvons en rester à un projet de règlement avec une autre date indéfinie. Nous restons aussi circonspect.e.s quant à l’ambition insuffisante des cibles à atteindre et au mécanisme par lequel sera vraiment effectué. Car les efforts demandés aux populations et aux communautés ne doivent pas être effacés par des compensations ou des possibilités d’échanges de crédit qui permettraient aux industries polluantes de continuer à entraver l’action climatique qui est vitale. Alors que plus que jamais, les changements climatiques s’accélèrent et produisent des effets délétères sur la santé des gens, le gouvernement canadien a la responsabilité, au nom aussi de la santé planétaire, concrétiser un système crédible, efficace et rapidement implanté afin que nous réalisions la réponse climatique la plus efficace possible. »
Robb Barnes, directeur du programme climatique de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement:
« Cette annonce marque un tournant décisif. Le Canada est le premier grand pays producteur de combustibles fossiles à s’engager à plafonner les émissions provenant de la production du pétrole et du gaz. Nous saluons le leadership du gouvernement canadien dans ce domaine et invitons les autres pays à suivre son exemple.
« Toutefois, le plafond proposé n’est pas suffisant pour protéger la santé de la population. En début de semaine, l’ACME a révélé qu’un juste plafond d’émissions pétrolières et gazières qui serait de 45 % inférieur aux niveaux de 2005 – en conformité avec l’objectif plus large du Canada – pourrait prévenir 4 800 décès prématurés au Canada en une décennie. L’annonce du gouvernement représente moins de la moitié de ce niveau, ce qui met des vies en danger de façon injustifiée.
« Enfin, le plafond doit être mis en œuvre rapidement. Les Canadiens ont déjà attendu des années afin d’obtenir un plafond juste et solide ; nous devons veiller à ce qu’un plafond ambitieux soit adopté sans délai. »
Dre Courtney Howard, vice-présidente de l’Alliance mondiale pour le climat et la santé et ancienne présidente de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement:
« La santé est le visage humain du changement climatique. Cet été, ma communauté de Yellowknife, ainsi que 70 % de la population des Territoires du Nord-Ouest et l’hôpital de 100 lits où je travaille, ont été évacués en raison de graves feux de forêt. Certaines communautés ont connu trois saisons de fumée. Les signes vitaux de notre mère la Terre deviennent instables. En approchant la COP28, plus de 40 millions de professionnels de la santé partout dans le monde ont lancé un appel à accélérer l’abandon progressif des combustibles fossiles afin de protéger la santé et les systèmes de santé. Je suis fière que le Canada soit le premier grand pays producteur de combustibles fossiles à s’engager à plafonner les émissions de pétrole et de gaz. Toutefois, nous savons qu’une réanimation cardio-pulmonaire lente ne fonctionne pas. Cette politique doit être mise en œuvre immédiatement, et être renforcée rapidement. »
André-Yanne Parent, Directrice générale, Projet de la réalité climatique Canada:
« 2023 est probablement l’année la plus chaude jamais enregistrée. Le réchauffement s’accélère. Vagues de chaleur mortelles, inondations, incendies de forêt et bien d’autres encore frappant d’un océan à l’autre. Les données scientifiques sont claires : nous devons agir maintenant et, grâce à un plafonnement des émissions de gaz à effet de serre pour le secteur pétrolier et gazier canadien, nous disposons d’un cadre pour y parvenir. Mais il y a un grand si… si les réglementations arrivent assez rapidement et sont suffisamment strictes pour réellement réduire les émissions et ne laissent aucune échappatoire permettant aux plus gros pollueurs de s’appuyer sur de fausses solutions dangereuses. L’écoblanchiment ne nous sortira pas de cette crise, nous nous attendons à des réglementations implacables qui ne laissent aucune place à l’erreur. »
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Climate Action Network – Réseau action climat (CAN-Rac) Canada est le plus vaste réseau d’organisations travaillant sur les questions liées aux changements climatiques et à l’énergie au Canada. Il s’agit d’une coalition de 150 organisations opérant d’un océan à l’autre. Nos membres rassemblent des groupes environnementaux, des syndicats, des Premières Nations, des organisations de justice sociale, de développement, de santé et de jeunesse, des groupes religieux et des initiatives locales.
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