Published On: février 13, 2025

Territoires non-cédés de la Nation algonquine anishinaabe [OTTAWA], 13 février 2025 :

Hier, le Canada soumettait sa contribution déterminée au niveau national (CDN) pour 2035 au Nations Unies, décrivant ses engagements à l’effort mondial de la lutte pour le climat pour la prochaine décennie. 

« À l’heure où le multilatéralisme est menacé, il n’est pas sans importance que le Canada honore ses engagements internationaux », a déclaré Caroline Brouillette, directrice exécutive du Réseau action climat Canada. « Mais le niveau d’ambition de cette CDN ne va pas impressionner pas nos alliés. Dans un contexte d’incertitude politique et de multiplication des catastrophes climatiques, la CDN offrait au gouvernement fédéral l’occasion de démontrer comment le Canada peut s’engager vers un avenir plus sécuritaire et résilient. Au lieu de ça, cette CDN s’appuie sur une économie basée sur l’extraction des ressources, ignorant la transformation dont nous avons besoin pour assurer une véritable indépendance, une sécurité et un avenir plus durable. 

« Alors que nous assistons à une intensification du discours sur de nouvelles infrastructures d’énergies fossiles, en réponse aux tensions avec les États-Unis, il est important de se rappeler que de nombreux projets pétroliers et gaziers au Canada sont financés par des entreprises américaines ayant des liens étroits avec Donald Trump. Ces projets ne profitent qu’à leurs propriétaires, et non aux Canadien.ne.s. 

« La CDN met également en évidence les écarts flagrants entre les politiques que le Canada a déjà mises en oeuvre et ce qui est toujours nécessaire pour atteindre nos objectifs, sans parler d’assumer notre juste part dans la lutte mondiale contre les changements climatiques. Quiconque souhaite devenir Premier.ère ministre doit présenter son plan pour combler ces écarts, surtout en cas de démantèlement des politiques climatiques existantes et prévues. 

« Environnement et Changement climatique Canada mérite d’être salué pour avoir préparé une CDN détaillée et l’avoir soumise dans les temps, ce que 90 % des pays n’ont pas fait. La qualité de ce document établit un standard de responsabilité et de transparence, incluant les efforts de certains gouvernements provinciaux et les recommandations des peuples autochtones, du Groupe consultatif pour la carboneutralité et du public. Mais 188 pages de tableaux, d’annexes et d’avis d’experts ne peuvent compenser les lacunes fondamentales de l’objectif peu ambitieux du Canada et de sa perpétuelle dépendance aux énergies fossiles. »

L’année dernière, le Réseau action climat Canada (CAN-Rac) a présenté une série de recommandations s’appuyant en grande partie sur notre évaluation de la juste part du Canada dans la réduction globale des émissions des gaz à effets de serre (GES). Voici où se situe la CDN par rapport aux critères d’évaluation et de référence de CAN-Rac : 

Recommandations de CAN-Rac CDN
1. Équité : La responsabilité et la capacité du Canada à contribuer à l’effort mondial pour la lutte contre les changements climatiques, en tenant compte de sa juste part et de la science. Le Canada contribue à l’effort mondial pour la lutte contre les changements climatiques, mais refuse de se fixer un objectif ambitieux qui correspond aux principes d’équité. Un objectif véritablement équitable inciterait le Canada à réduire ses émissions nationales de 80 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2035. 

La CDN mentionne à la fois les résultats d’atténuation transférés à l’échelle internationale et les technologies d’élimination de dioxyde de carbone comme domaines à explorer : aucun de ces deux éléments ne peut remplacer des réductions directes d’émissions et la transition juste vers une économie sans énergies fossiles au Canada.

2. Respect des droits de la personne et des droits des peuples autochtones : La mise en œuvre de la CDN du Canada doit garantir que toutes les politiques, mesures et investissements correspondent aux besoins et aux aspirations des peuples autochtones. La CDN du Canada reconnaît que les peuples autochtones se trouvent en première ligne de la crise climatique et qu’ils conduisent l’action climatique d’un océan à l’autre. La CDN s’engage à augmenter le financement des actions climatiques autochtones, sous la direction de plusieurs recommandations clés issues de la collaboration avec les communautés autochtones. 

Cependant, la CDN ne tient pas réellement en compte les recommandations soumises par les peuples autochtones se trouvant en annexe. Cette omission minimise un engagement éthique et équitable avec les savoirs autochtones et exclut de l’élaboration de politiques climatiques les perspectives des Premières Nations, des Inuits et des Métis.

3. Décarbonisation rapide : Les objectifs annoncés et la volonté du Canada de les dépasser dans tous les secteurs de l’économie canadienne. La CDN du Canada répond aux résultats du premier bilan mondial de l’Accord de Paris, mais manque d’objectifs sectoriels pour responsabiliser tous les secteurs de l’économie canadienne.
4. Réorientation des flux financiers : Il est essentiel de combler le déficit d’investissement entre les engagements budgétaires actuels liés au climat et les besoins du Canada nécessaires pour l’atteinte de la carboneutralité en 2050. Les engagements financiers du Canada sont insuffisants pour répondre aux besoins de la lutte contre les changements climatiques. Le Canada devrait tripler son financement bilatéral en faveur du climat pour le porter à 15,9 milliards de dollars entre 2026 et 2031, veillant à ce que ce montant soit réparti équitablement entre l’atténuation et l’adaptation et s’alignant sur les principes de la politique d’aide internationale féministe.
5. Une CDN axée sur la nature qui accroît la résilience et les avantages sociaux et sanitaires connexes : L’engagement explicite du Canada à renforcer la résilience, à promouvoir la sensibilisation et l’action en matière de climat, à sauver des vies et à protéger, conserver et restaurer la nature. La Stratégie nationale d’adaptation du Canada et l’établissement d’un rapport et d’un cadre de suivi et d’évaluation sont un bon point de départ pour concentrer les efforts sur la résilience aux catastrophes, la santé et le bien-être, la nature et la biodiversité, les infrastructures, l’économie et les travailleur.euse.s.

La CDN souligne l’importance des solutions climatiques axées sur la nature dans la lutte contre la crise climatique et plusieurs efforts clés pour protéger les écosystèmes, mais n’explique pas comment le Canada prévoit de protéger les principaux puits de carbone face à l’empiètement de l’extraction des ressources.

6. Transition juste : Comment le Canada envisage de répondre aux besoins des travailleur.euse.s et des communautés lors de la mise en œuvre de la CDN. La CDN désigne la Loi sur les emplois durables comme moyen principal pour répondre aux besoins des travailleur.euse.s et des communautés lors de son implémentation. 

Bien qu’une transition juste doit aller au-delà des limites de la Loi sur les emplois durables, le Canada doit aussi procéder à la nomination du Conseil du partenariat pour des emplois durables, constituer un secrétariat compétent et soutenir adéquatement son travail par des finances et des ressources humaines adéquates.

7. Coopération à l’échelle du pays : Les efforts du Canada pour travailler avec chaque communauté, ville, région, province et territoire dans la mise en œuvre de sa CDN. Bien qu’il partage la juridiction sur l’environnement avec les provinces, le gouvernement fédéral prend en charge environ 80 % du coût de l’action climatique, alors qu’il ne représente que 20 % des dépenses publiques. Il est grand temps que les provinces se mobilisent et rejoignent le gouvernement fédéral à la table des négociations afin de tracer, ensemble, la voie à suivre pour l’action climatique. Une action climatique ambitieuse nécessite une approche collaborative à l’échelle du pays.

-30-

Climate Action Network – Réseau action climat (CAN-Rac) Canada est le plus vaste réseau d’organisations travaillant sur les questions liées aux changements climatiques et à l’énergie au Canada. Il s’agit d’une coalition de plus de 180 organisations opérant d’un océan à l’autre. Nos membres rassemblent des groupes environnementaux, des syndicats, des Premières Nations, des organisations de justice sociale, de développement, de santé et de jeunesse, des groupes religieux et des initiatives locales.

Pour plus d’informations ou pour organiser une entrevue, contactez :

Vicky Coo, Directrice des communications
comms@climateactionnetwork.ca