Territoires non-cédés de la Nation anishinaabe algonquine [OTTAWA], le 2 mai 2024 :
Le Rapport sur les émissions de gaz à effet de serre publié aujourd’hui montre que les politiques climatiques du gouvernement portent leurs fruits dans certains secteurs, mais que la pollution non réglementée provenant du pétrole et du gaz signifie que les émissions du Canada continuent d’augmenter. Pourtant, un sondage récemment publié montre que les Canadiens veulent que l’industrie soit réglementée sans plus tarder.
Le sondage, réalisé par Léger pour le Réseau Action Climat Canada en avril, montre que 70 % des Canadien.ne.s disent que le gouvernement fédéral devrait cesser de laisser les entreprises retarder les politiques et les actions de réduction de la pollution, et 66 % veulent qu’Ottawa « agisse rapidement » pour mettre en place une politique de réduction des émissions de pétrole et de gaz. D’autres points saillants du sondage sont présentés ci-dessous.
Selon le rapport publié aujourd’hui par Environnement et Changement climatique Canada, le secteur du pétrole et du gaz représentait 31% des émissions de gaz à effet de serre du Canada en 2022, soit plus que les secteurs du bâtiment, de l’industrie lourde et de l’électricité réunis. Les émissions de l’industrie pétrolière et gazière ont augmenté de 22 mégatonnes depuis 2005, alors que le secteur de l’électricité a réduit ses émissions de 70 mégatonnes, soit plus de la moitié. Malgré les promesses des compagnies pétrolières et gazières de réduire leurs émissions à zéro et leurs profits historiquement élevés depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les analyses montrent qu’elles ne font pas de nouveaux investissements significatifs dans la réduction des émissions.
« Le secteur de l’électricité, l’industrie lourde, et les petites et moyennes entreprises s’efforcent de réduire leurs émissions. Les ménages font de leur mieux pour faire des choix sobres en carbone – maintenant c’est aux entreprises les plus émettrices du pays d’être tenues responsables de la réduction de leurs émissions, » a déclaré Alex Cool-Fergus, directrice des politiques nationales au Réseau action climat Canada.
« La saison des feux de forêt de l’année dernière a été dévastatrice et on s’attend déjà à ce que ce soit encore pire cette année. Les émissions ne se résument pas qu’à des chiffres abstraits – elles provoquent des dômes de chaleur dans nos villes, de la fumée dans les poumons de nos enfants, et nous obligent à payer pour de coûteuses réparations de nos maisons suite à une inondation. Les Canadien.ne.s en ont assez des retards. Ils veulent que l’industrie la plus polluante du pays rende des comptes. »
Le gouvernement fédéral n’a pas encore publié le projet de règlement relatif au plafonnement des émissions du secteur pétrolier et gazier, promis depuis longtemps, qui constituerait l’une des mesures les plus efficaces pour réduire les émissions du Canada. Malgré le lobbying des entreprises pétrolières et gazières et l’opposition de certains gouvernements provinciaux, la population canadienne reste favorable à un plafonnement des émissions provenant du pétrole et du gaz.
Cependant, le sondage Léger montre que les multiples retards dans le plafonnement des émissions ont semé le doute dans l’opinion publique quant à la capacité du gouvernement fédéral à tenir l’une de ses principales promesses en matière de climat : seuls deux Canadien.ne.s sur cinq (39 %) affirment que le gouvernement est sérieux lorsqu’il s’agit de réglementer et de limiter la pollution causée par les compagnies pétrolières et gazières. Le gouvernement fédéral doit accélérer la mise en œuvre de cette réglementation essentielle afin de garantir l’équité entre les secteurs économiques et de démontrer son leadership dans la course à la réduction des émissions.
Points saillants du rapport sur les sources et puits de gaz à effet de serre au Canada :
- Les émissions ont légèrement augmenté entre 2021 et 2022, mais restent nettement inférieures aux niveaux antérieurs à la pandémie, ce qui montre que les politiques climatiques essentielles, telles que les réglementations sur le méthane, commencent à prendre effet, et qu’il reste encore beaucoup à faire.
- Le Canada est le quatrième producteur mondial de combustibles fossiles. Quatre-vingt pour cent de nos émissions peuvent être attribuées à la production et à la consommation d’énergie, ce qui, selon le rapport publié aujourd’hui, nous place au 11e rang mondial des émetteurs de gaz à effet de serre.
- C’est dans le secteur des transports que l’augmentation des émissions a été la plus forte (six mégatonnes de plus qu’en 2021). Cette augmentation est attribuée au rebond économique post-pandémique. Pour véritablement s’attaquer aux émissions du secteur des transports, tous les niveaux de gouvernement doivent aller au-delà des mesures individuelles en faveur des véhicules électriques et envisager des politiques transformatrices visant à mettre en place des options de transport actif et public pratiques et abordables.
- L’utilisation des terres, changement d’affectation des terres et foresterie (UTCATF) – qui n’est pas comptabilisée comme un secteur économique, mais comme un chiffre distinct – est normalement un puits de carbone, qui absorbe plus d’émissions qu’il n’en libère. En 2022, en raison de la sécheresse, les forêts canadiennes ont été une source nette d’émissions. Ce malheureux revirement démontre le lien entre l’adaptation au climat et l’atténuation de ses effets, soulignant la nécessité d’investir dans la protection et la restauration de la nature afin de réduire simultanément la sécheresse et les émissions.
- Les émissions de méthane ont chuté rapidement, en grande partie grâce à l’harmonisation des réglementations sur le méthane mises en œuvre par les gouvernements fédéral et provinciaux. Cela démontre l’impact que les réglementations peuvent avoir sur les émissions globales, sans diminuer les résultats économiques, ainsi que la coopération fédérale-provinciale en matière d’action climatique.
- L’intensité des émissions (calculée par l’indice des GES par rapport au PIB) de l’économie canadienne a continué à diminuer. Cela prouve une fois de plus qu‘il est possible d’accroître la prospérité économique tout en réduisant les émissions. Compte tenu de l’augmentation dangereuse des impacts climatiques et des coûts économiques et sociaux des phénomènes météorologiques induits par les changements climatiques, la réduction des gaz à effet de serre reste le moyen le plus rentable de s’adapter aux changements climatiques.
Points saillants du sondage Léger :
- Les habitant.e.s du Québec (76 %), de l’Ontario, (72 %) et de la Colombie-Britannique (70 %) sont les plus enclin.e.s à penser que le Canada devrait cesser de permettre aux entreprises de retarder leurs politiques de réduction des émissions – mais un soutien majoritaire se dégage dans toutes les régions étudiées, y compris 55 % en Alberta.
- Ces résultats montrent qu’en dépit de la confusion entourant la tarification du carbone, le soutien du public aux politiques visant à réduire les émissions des plus grands pollueurs du Canada reste stable.
- Le soutien est le plus élevé parmi les électeur.trice.s libéraux (86 %), néo-démocrates (86 %) et bloquistes (94 %). Parmi ces électeur.trice.s, un nombre semblable est d’accord que le Canada devrait agir rapidement pour mettre en place une politique sur les émissions du secteur pétrolier et gazier afin de réduire la pollution.
- Près de trois Canadien.ne.s sur cinq (58 %) affirment que le Canada devrait agir rapidement pour mettre en place le plafonnement des émissions de pétrole et de gaz, quelles que soient les préoccupations exprimées par les compagnies pétrolières et gazières. Le soutien augmente fortement parmi les électeurs libéraux (78 %), néo-démocrates (68 %) et bloquistes (90 %).
- Seuls 30 % pensent qu’il est juste que les entreprises soient autorisées à « payer pour polluer » par le biais de crédits compensatoires, qui compensent l’incapacité de l’industrie à réduire sa propre pollution.
Voir l’intégralité des résultats et la méthodologie du sondage (en anglais uniquement).
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