Published On: novembre 18, 2024

Bakou, Azerbaïdjan, le 18 novembre, 2024 :

À mi-parcours de la COP29, les pays sont encore loin d’un accord sur le financement climatique qui répondrait aux besoins des pays du Sud et rendrait possibles les objectifs de l’Accord de Paris. Alors que le temps file, il faut accélérer le rythme.

« Au début de la deuxième semaine, la lutte sur le financement climatique reste rocailleuse, » a déclaré Caroline Brouillette, directrice exécutive du Réseau action climat Canada. « La suite sera rude et nous comptons sur le Canada pour montrer la voie. Il n’y a pas d’autre voie pour limiter le réchauffement à 1,5°C : cette COP doit déboucher sur l’accord financier équitable que nous savons possible. »

Les pays du Sud sont ceux qui ont le moins contribué à la crise climatique, mais ils en subissent les pires conséquences, comme on peut le voir avec les typhons qui frappent actuellement les Philippines. L’année dernière, lors de la COP28, le monde s’est mis d’accord pour enfin explicitement nommer les responsables du changement climatique, à savoir le pétrole, le gaz et le charbon, et s’en éloigner. Un financement climatique de qualité est essentiel pour permettre aux pays du Sud d’accélérer une transition énergétique juste. Pourtant, dans tous les domaines de négociation de la COP29, du financement à l’atténuation en passant par la transition juste, les discussions restent difficiles quant à la manière de faire avancer cette transition.

Dans le cadre de l’Accord de Paris, les pays du Nord ont la responsabilité de fournir du financement climatique – qui est nécessaire non seulement pour l’atténuation, mais aussi pour renforcer la résilience (adaptation) et fournir une compensation pour les impacts qui ne peuvent être évités (pertes et préjudices). La provision de fonds publics, basés sur des subventions, doit être au cœur du nouvel objectif collectif quantifié (NOCQ) afin de garantir que le financement soit fourni et n’exacerbe pas la crise de la dette. Les pays riches peuvent débloquer d’importants fonds pour l’action climatique en mettant fin aux subventions accordées aux énergies fossiles, en faisant payer les grands pollueurs et en modifiant les règles financières mondiales injustes.

En tant que l’un des plus grands pollueurs historiques et producteurs d’énergies fossiles au monde, et en tant que pays riche, le Canada a l’obligation et la capacité de payer, et d’exercer une pression sur d’autres pays riches pour qu’ils le fassent également.

Les faits marquants de la COP29 jusqu’à présent et des citations de la société civile canadienne ci-dessous.

Principaux faits marquants de la première semaine de la COP29 :

  • Il est inquiétant de constater que les formulations relatives aux droits des peuples autochtones, aux droits humains, à l’équité entre les genres et à l’intersectionnalité font l’objet d’un refoulement ou sont absentes des textes dans tous les items de négociation. Le Canada doit continuer à défendre leur inclusion dans les textes de décision.
  • Le Premier ministre Trudeau a signé une déclaration puissante de la High Ambition Coalition appelant à un engagement redoublé en faveur de la solidarité mondiale et de l’action climatique (voir la réaction de CAN-Rac ici). Lors de sa visite à Bakou la semaine dernière, le ministre de l’Environnement et du Changement climatique Steven Guilbeault a également annoncé le lancement de la nouvelle plateforme financière GAIA (voir notre analyse ici).
  • Le nombre de lobbyistes du secteur des énergies fossiles présents à la COP29, dont près de 500 lobbyistes du secteur de la capture du carbone, a attiré l’attention de tous. L’industrie des énergies fossiles a travaillé sans relâche pour bloquer et retarder l’action climatique, tant au niveau mondial qu’au Canada, mais sa forte présence ici montre qu’elle ressent la chaleur et reconnaît l’importance des négociations de la COP après la décision historique prise l’année dernière à Dubaï de se détourner des énergies fossiles.
  • Les nouvelles contributions déterminées au niveau national annoncées par les Émirats arabes unis, le Brésil et le Royaume-Uni ont donné le coup d’envoi à la vague d’engagements climatiques pour 2035 que les pays doivent soumettre à la CCNUCC d’ici le mois de février. L’objectif du Royaume-Uni de réduire de 81 % les émissions de gaz à effet de serre par rapport aux niveaux de 1990 d’ici à 2005 place la barre très haut pour les autres pays riches ; l’objectif de la part juste du Canada comprend une réduction des émissions nationales de 80 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici à 2035 (voir plus d’informations sur les attentes de CAN-Rac concernant la CDN du Canada).
  • Bien que le NOCQ doit être décidé lors de la COP29, il existe d’autres possibilités de progrès en dehors du stade de Bakou. À Rio de Janeiro, les leaders du G20 peuvent envoyer un signal politique fort en faveur du financement climatique, comme le leur ont demandé le secrétaire général des Nations unies et le Secrétaire exécutif de la CCNUCC. Entre-temps, l’OCDE étudie une proposition sur le financement des agences de crédit à l’exportation qui pourrait détourner 40 milliards de dollars de fonds publics des énergies fossiles, argent qui pourrait être affecté au financement climatique.

Citations :

Andréanne Brazeau, analyste principale des politiques – Québec, Fondation David Suzuki :

« Alors que s’ouvre la deuxième semaine de la COP29, le portrait des négociations est aussi gris que le ciel de Bakou. Teintées par le contexte géopolitique tendu et le nombre alarmant de lobbyistes de l’industrie fossile sur place, les discussions coincent sur plusieurs thèmes. Le Canada doit en faire bien plus pour que cette COP aboutisse à un accord financier ambitieux et équitable qui permettrait réellement à tous les pays d’arriver à la COP30 avec des engagements rehaussés. Heureusement, la forte mobilisation de la société civile québécoise et canadienne sur place me rend optimiste quant à ce qui peut être fait pour faire avancer la justice climatique cette semaine. »

Andrea Koehle Jones, directrice exécutive, Fondation ChariTree :

« Les enfants doivent être au cœur de toutes les décisions de la COP29. Réussir nécessite de l’empathie, une innovation audacieuse et une collaboration exceptionnelle pour sauvegarder notre planète. En donnant la priorité au financement des pertes et des dommages, en faisant progresser l’éducation environnementale et en accélérant les secours en cas de catastrophe en première ligne de la crise climatique, nous pouvons susciter l’espoir et parvenir à une véritable justice climatique. »

Denis Coté, analyste des politiques à l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) :

« Nous savions à l’aube de cette COP qu’il serait difficile de parvenir à un accord sur un nouvel objectif financier, et c’est ce à quoi nous sommes confrontés maintenant. Mais nous avons encore une semaine cruciale de négociations devant nous pour pousser les pays du Nord à assumer leur responsabilité pour la crise climatique qu’ils ont causée et à s’engager en faveur d’un objectif de financement juste et basé sur les besoins. De plus, nous avons remarqué des tentatives inacceptables de retour en arrière sur l’égalité des genres, l’intersectionnalité et les droits humains dans les salles de négociations la semaine dernière. L’AQOCI et ses membres présents à la COP29 – Mission Inclusion, Avocats sans frontières Canada et SOCODEVI – soulèvent cette question auprès des négociateur·trices canadien·nes, car nous devons collectivement ne rien céder et faire pression pour obtenir des résultats ambitieux en matière de genre. »

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Climate Action Network – Réseau action climat (CAN-Rac) Canada est le plus vaste réseau d’organisations travaillant sur les questions liées aux changements climatiques et à l’énergie au Canada. Il s’agit d’une coalition de plus de 160 organisations opérant d’un océan à l’autre. Nos membres rassemblent des groupes environnementaux, des syndicats, des Premières Nations, des organisations de justice sociale, de développement, de santé et de jeunesse, des groupes religieux et des initiatives locales.

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Crédit photo : David Tong / Oil Change International