Territoires non-cédés de la Nation anishinaabe algonquine [OTTAWA], 10 avril 2024 :
Le Réseau action climat Canada salue l’approche proactive du gouvernement fédéral pour faire face à la prochaine saison des feux de forêt, et demande à Ottawa d’adopter rapidement des politiques climatiques fortes, y compris le plafonnement des émissions, pour réduire la pollution qui alimente l’aggravation des impacts sur le climat, en plus des mesures d’adaptation.
Les Canadien.ne.s sont majoritairement préoccupés par les impacts climatiques, et ce à juste titre. Alors que les incendies ont commencé dans les régions du pays frappées par la sécheresse depuis le mois de février, il est essentiel que le gouvernement fédéral, ainsi que tous les autres niveaux de gouvernement et les citoyen.ne.s, s’adaptent à l’augmentation des événements climatiques. Ces impacts n’ont fait qu’augmenter en taille et en intensité au cours des dernières années. Les incendies de forêt dévastateurs de l’été dernier ont déplacé des communautés entières, endommagé l’habitat de nombreuses espèces sauvages, provoqué des dizaines de jours de smog, forcé les enfants à rester à l’intérieur et imposé des impacts économiques négatifs : la nécessité d’agir ne pourrait être plus claire.
Les mesures d’adaptation et d’atténuation doivent aller de pair. La réduction des émissions – en commençant par les plus grands pollueurs du Canada – est essentielle pour empêcher l’aggravement des incendies, pour protéger nos proches et notre santé collective. Le changement climatique a plus que doublé la probabilité de conditions météorologiques extrêmes pour les incendies au Québec l’année dernière, et 37 % des zones forestières brûlées dans l’ouest du Canada et aux États-Unis au cours des dernières décennies peuvent être liées à 88 grands producteurs de combustibles fossiles et fabricants de ciment.
Le gouvernement fédéral doit donner la priorité à l’adoption rapide d’un plafond d’émissions sur le secteur pétrolier et gazier, qui constitue le moyen le plus efficace de lutter contre les émissions excessives de l’industrie la plus polluante du Canada. Un plafond d’émissions est soutenu dans toutes les régions du pays, y compris en Alberta. En outre, une étude menée par l’Association canadienne des médecins pour l’environnement a révélé qu’un plafond d’émissions fort permettrait d’éviter plus de 4 800 décès, ce qui représenterait un avantage économique de 45,1 milliards de dollars sur une période de dix ans.
Le Réseau action climat Canada exhorte au gouvernement fédéral de réglementer sans plus tarder les émissions excessives du secteur pétrolier et gazier, avant la saison des incendies de forêt de cette année.
Caroline Brouillette, directrice générale, Réseau action climat Canada:
« L’annonce d’aujourd’hui place nos communautés et nos proches au cœur de la politique climatique. Mais se préparer aux effets de plus en plus dévastateurs du changement climatique, bien que crucial, n’est pas suffisant pour protéger les Canadien.ne.s. Pour limiter les incendies de forêt et les autres impacts climat, le gouvernement doit limiter les émissions du secteur pétrolier et gazier. D’autres secteurs et les Canadiens ordinaires réduisent leurs émissions, alors que depuis des décennies, le secteur pétrolier et gazier augmente sa pollution et s’oppose à toute forme de responsabilisation. Tout retard supplémentaire ne profite qu’au portefeuille des dirigeants du secteur pétrolier et gazier et aux politiciens qui nient la science climatique. »
Salomé Sané, chargée de campagne climat, Greenpeace Canada:
« En poursuivant ses opérations habituelles et ses scénarios illusoires de capture du carbone à grande échelle, l’industrie des énergies fossiles continue d’aggraver la sévérité des feux de forêt, créant ainsi les conditions pour un nouvel été destructeur au Canada.
L’adaptation est essentielle pour assurer la sécurité des communautés, mais pour vraiment éteindre les incendies, il faut s’assurer que l’industrie des énergies fossiles soit tenue responsable pour avoir attisé les flammes de la crise climatique. Cela signifie que le gouvernement canadien doit s’engager à plafonner les émissions du secteur pétrolier et gazier en fixant des objectifs de réduction ambitieux et en adoptant des réglementations imperméables au lobbying incessant de l’industrie. Alors qu’elle fuit ses responsabilités depuis des décennies, il est temps que le gouvernement fédéral tienne l’industrie des énergies fossiles responsable des catastrophes climatiques et impose un plafond d’émissions suffisamment crédible pour éviter une nouvelle année sombre de destruction par les feux de forêt. »
Anne-Céline Guyon, analyste climat-énergie, Nature Québec:
«Face à des saisons de feux de forêt de plus en plus extrêmes, oui il faut s’adapter mais il faut aussi surtout arrêter d’entretenir le phénomène. Les responsables sont connus. Ce sont les pétrolières et gazières canadiennes qui en continuant à polluer impunément, créent les conditions favorables à la dévastation. À quand un réel changement de ton du fédéral pour tenir cette industrie responsable de ses actes ? Les contraindre à réduire leurs émissions de GES par un plafonnement ambitieux et sans passe-droits serait un vrai premier signe en ce sens.»
Andréanne Brazeau, analyste des politiques climatiques, Équiterre:
«Record après record, la crise climatique s’accentue sous nos yeux. Et on y répond comment? En continuant à donner des milliards de dollars à l’industrie fossile, la principale responsable de cette crise? Annoncé en grande pompe durant la COP 28, le projet de règlement sur le plafonnement des émissions de GES des secteurs pétrolier et gazier demeure, pour le moment, une simple idée. C’est le temps de bouger.»
Patricia Clermont, organisatrice-coordonnatrice Ph.D, Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME):
«Alors que la crise climatique s’aggrave toujours, que mars a été le dixième mois consécutif le plus chaud que nous ayons connu, nous avons plus que jamais besoin de cohérence dans les décisions politiques qui se prennent à tous les niveaux, pour la santé planétaire – qui articule santé de l’environnement (et qualité de l’air) et santé humaine (et problèmes respiratoires et coûts pour els systèmes de santé). Plus que jamais, il faut que se concrétise le projet de règlement des émissions de GES des secteurs pétrolier et gazier – maintenant!»
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