Published On: avril 7, 2022

Pour diffusion immédiate.

Territoires non-cédés de la Nation algonquine anishinaabe [OTTAWA], 7 avril 2022 :

Le budget fédéral présenté aujourd’hui par la ministre des Finances Chrystia Freeland expose la réponse inadéquate et incrémentielle du Canada face aux crises mondiales actuelles. Il révèle que le gouvernement fédéral continue de donner la priorité aux technologies risquées plutôt que d’investir dans une transition juste et dans les réductions réelles d’émissions qui sont le seul moyen sécuritaire d’éviter une catastrophe climatique.

Nous accueillons l’engagement du gouvernement d’augmenter l’aide internationale par plus d’un milliard de dollars sur 5 ans, dont 732 millions de dollars supplémentaires pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19. Toutefois, il s’agit d’une mesure mineure face aux pertes et dommages dévastateurs causés par le climat auxquels le monde est confronté. Partout, les gens et les communautés expriment des préoccupations croissantes en matière de sécurité énergétique et alimentaire, et les récents rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat ont amplifié la nécessité d’une action climatique transformatrice et décisive. Les catastrophes climatiques survenues au Canada et dans le monde entier l’ont clairement montré : il est beaucoup moins coûteux de détourner notre économie des combustibles fossiles et de s’adapter aux impacts climatiques que de payer le prix des catastrophes climatiques. Le coût du rétablissement et de la reconstruction de la Colombie-Britannique après les seules inondations de l’année dernière a été estimé à 9 milliards de dollars, sans compter les milliards de dollars de coûts indirects et les incalculables coûts humains tragiques. Sans un changement rapide et systémique, les événements météorologiques extrêmes continueront à augmenter en fréquence et en gravité.

Le Canada doit transformer son économie et aligner son secteur financier sur un avenir compatible avec une limitation du réchauffement de la température globale à 1,5°C. La mise en œuvre d’une divulgation financière obligatoire liée au climat aidera les décideur.euse.s et les investisseur.euse.s à comprendre les risques du changement climatique. Mais il faut en faire davantage pour réduire les risques que le secteur financier fait courir à l’économie par son enchevêtrement dans les combustibles fossiles. L’absence de détails concernant le Fonds de croissance du Canada est préoccupante.

Il est décevant que le Canada continue de retarder son engagement à mettre fin à son soutien à l’industrie pétrolière et gazière. Plutôt que de donner suite à son engagement d’éliminer progressivement les subventions aux combustibles fossiles, le gouvernement ne fait que les déplacer. Alors que le gouvernement annule les actions accréditives pour les activités pétrolières, gazières et charbonnières, il crée un crédit d’impôt à l’investissement de 2,6 milliards de dollars pour  le captage, l’utilisation et le stockage du carbone (CUSC) à un moment où les sociétés pétrolières et gazières récoltent des profits exceptionnels grâce à la montée en flèche des prix.

Les nouveaux investissements dans le logement, la garde d’enfants, l’assurance-médicaments et les soins dentaires sont les bienvenus, mais le budget ne répond pas aux besoins du 1 Canadien.ne sur 5 qui vit dans la pauvreté énergétique. Alors que les gens ont du mal à se payer de la nourriture, un loyer et d’autres besoins fondamentaux, plus de 80 organisations à travers le Canada ont réclamé une taxe sur les bénéfices exceptionnels du pétrole et du gaz, dont les revenus seraient redirigés vers ceux qui en ont le plus besoin. Au lieu de cela, le gouvernement du Canada continue de subventionner l’industrie pétrolière et gazière. Entre 2018 et 2020, en moyenne, les pays du G20 ont apporté un soutien 2,5 fois plus important aux combustibles fossiles qu’aux énergies renouvelables. Le Canada a fourni 14,5 fois plus de soutien aux combustibles fossiles qu’aux énergies renouvelables. Le Réseau action climat Canada milite pour qu’au moins 2 % du PIB canadien – soit environ 40 milliards de dollars – soit alloué à de véritables solutions climatiques chez nous.

Le gouvernement libéral soutenu par le NPD a choisi d’augmenter les dépenses militaires de 8 milliards de dollars, mais n’a pas reconnu que l’absence de mesures décisives en réponse à la crise climatique est la plus grande menace pour la santé et la sécurité des gens. Ce budget n’inclut pas l’augmentation substantielle du financement de l’adaptation dont les gens et les communautés ont besoin pour se préparer aux impacts climatiques.

Alors que le budget fait référence au besoin d’emplois durables, il ne contient aucun financement dédié et aucune ressource appropriée pour une transition juste. C’est d’autant plus décevant que la mise en œuvre de la loi sur la transition équitable, qui se fait attendre depuis longtemps, figurait parmi les priorités du récent accord de confiance et d’approvisionnement conclu par les libéraux et les néo-démocrates. Le Fonds de l’avenir de 2 milliards de dollars pour l’Alberta, la Saskatchewan et Terre-Neuve-et-Labrador n’est pas pris en compte dans ce budget, alors que les montants doivent être considérablement augmentés pour financer la transition.

Le budget d’aujourd’hui est le dernier d’une récente série de décisions inadéquates et dangereuses en matière de climat. Le plan de réduction des émissions publié la semaine dernière, qui prévoit une augmentation de 56 % des émissions des sables bitumineux au cours de la décennie, et la décision d’hier d’approuver le projet Bay du Nord, qui pourrait produire 1 milliard de barils de pétrole au cours de sa durée de vie, montrent que le gouvernement fédéral n’a toujours pas compris que la production de combustibles fossiles est incompatible avec le leadership climatique.

Citations :

Eddy Pérez, Directeur de la diplomatie climatique internationale, Climate Action Network – Réseau action climat Canada: 

« Ce budget est une tentative ratée face à l’urgence du moment. Les crises du climat et de la sécurité énergétique exigent une vision et un plan de transition qui priorisent les besoins des gens et des communautés partout. Aujourd’hui, la Ministre Freeland a annoncé que le Canada a toutefois l’intention de garder l’industrie des combustibles fossiles aux commandes en lui accordant des crédits d’impôt coûteux au lieu d’utiliser ces fonds pour investir dans un avenir durable et sécuritaire. »

Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada: 

« Quelle mauvaise semaine pour le climat! Ce budget ressemble à un nouvel acte de la triste pièce de théâtre que nous sert le gouvernement Trudeau quand il prétend être un leader climatique mais fait dans la demi-mesure et l’incohérence. Trois jours après la sortie du rapport du GIEC, offrir des milliards en subventions sous forme de crédit d’impôt aux pétrolières et gazières pour des projets de captage, l’utilisation et le stockage du carbone est tout simplement honteux. Avec l’achat du pipeline Trans Mountain une journée après avoir déclaré l’urgence climatique nationale, et l’approbation du projet Bay du Nord deux jours après la sortie du rapport du GIEC, le gouvernement Trudeau prouve une fois de plus que ses beaux discours verts ne sont pas suivis d’actions cohérentes et ambitieuses.

Au lieu d’offrir de nouvelles subventions à l’industrie fossile, alors qu’il dit vouloir les abolir, le gouvernement aurait dû investir massivement dans la transition pour aider les communautés et les travailleurs et développer des économies locales, saines et viables. »

Marc-André Viau, directeur des relations gouvernementales d’Équiterre:

« On confirme les intentions du plan de réduction des émissions, mais les coupes dans les subventions aux énergies fossiles sont tout simplement microscopiques. On se serait attendu à ce que la ministre Freeland prenne plus au sérieux ses responsabilités sur le plan environnemental, mais ce budget ne le reflète pas. »

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Climate Action Network – Réseau action climat (CAN-Rac) Canada est le plus vaste réseau d’organisations travaillant sur les questions liées aux changements climatiques et à l’énergie au Canada. Il s’agit d’une coalition de 140 organisations opérant d’un océan à l’autre. Nos membres rassemblent des groupes environnementaux, des syndicats, des Premières Nations, des organisations de justice sociale, de développement, de santé et de jeunesse, des groupes religieux et des initiatives locales.

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Crédit photo: Global News