Published On: avril 9, 2025

Territoires non cédés de la Nation algonquine anishinaabe  [OTTAWA], 9 avril 2025 :

En réaction à l’annonce du plan énergétique du Parti libéral du Canada, Caroline Brouillette, directrice exécutive du Réseau action climat Canada, a publié la déclaration suivante : 

« Nous sommes encouragés de voir le Parti libéral inclure des investissements dans des projets d’électricité renouvelable comme élément essentiel pour notre souveraineté et notre économie. Le soleil et le vent sont des ressources libres et abondantes que Donald Trump ne peut utiliser contre nous. Alors, utilisons-les et construisons les infrastructures nécessaires à un réseau électrique national d’est en ouest. Les Canadien.ne.s pourraient alors bénéficier d’une électricité plus abordable et plus fiable – en plus de renforcer notre  souveraineté énergétique. Mieux encore, des dizaines de milliers d’emplois durables seraient alors créés : à court terme pour la construction de lignes de transport interprovinciales, à long terme pour l’entretien du réseau.  

« Les références à des investissements dans les « énergies conventionnelles » laissent toutefois planer beaucoup d’incertitudes. Si ça signifie maintenir le statu quo en matière d’expansion en matière d’expansion de l’exploitation des énergies fossiles, cela voudrait dire construire des pipelines traversant des terres et territoires autochtones, investir des milliards dans des projets qui ne seront pas rentables, et des conséquences climatiques désastreuses causées par des émissions qui nous hanteront sous la forme d’inondations et de feux de forêt. 

« Nous avons besoin que le premier ministre Mark Carney et le Parti libéral soient clairs : les énergies fossiles nous rendent plus vulnérables. Les énergies renouvelables sont essentielles pour notre sécurité. Une approche qui opte pour  « tous les choix de réponse » ne marche tout simplement pas. »

Analyse des points saillants:

  • Sur l’engagement de « [doubler] le Programme de garanties de prêts pour les Autochtones de 5 à 10 milliards de dollars, et [l’élargir] afin de soutenir un plus grand nombre de projets d’infrastructure, de transport et de commerce dirigés par des Autochtones partout au pays » : Il est essentiel de soutenir le leadership des communautés autochtones dans des projets d’infrastructure énergétique. Les programmes de garanties de prêts offrent plus d’opportunités aux nations qui désirent poursuivre leur vision de la souveraineté énergétique. Les communautés autochtones sont déjà à l’avant-garde de la transition vers l’énergie propre, et un financement supplémentaire permettrait en effet d’accélérer ce processus. Cependant, les projets de pipelines à haut risque, et leurs activités en amont, pourraient monopoliser les programmes de prêts et priver les nations ayant un intérêt pour des projets à faible risques, tels que la production d’électricité et de batteries et des projets de distribution, d’un soutien essentiel. Par exemple, si les coûts du gazoduc Prince Rupert Gas Transmission, dont la Nation Nisga’a est copropriétaire, dépassent les prévisions budgétaires, comme ce fût le cas pour le projet d’expansion de Trans Mountain, le budget total se verrait alors considérablement plus élevé, ce qui nécessitera une garantie de prêt beaucoup plus importante.
  • Sur l’engagement de « [conclure] des Ententes de coopération et de substitution avec toutes les provinces, territoires et Corps dirigeants autochtones, afin que les projets fassent l’objet d’une seule évaluation, conforme aux normes environnementales et aux obligations de consultation autochtone » : CAN-Rac soutient les efforts visant à coordonner les évaluations de projets entre toutes les juridictions concernées au Canada. Cependant, cela ne doit pas se faire au détriment de la rigueur nécessaire pour une protection adéquate des eaux, des terres, des espèces, des personnes et du climat. La version finale du Règlement sur l’entente de coadministration des évaluations d’impact avec les Autochtones doit faciliter la coopération et la substitution aux instances de gouvernances autochtones d’une manière qui respecte les connaissances, les lois et les compétences des communautés autochtones en matière d’environnement. Cette approche coordonnée doit permettre d’améliorer les régimes provinciaux d’évaluation environnementale dans l’ensemble du pays afin de garantir que les normes fixées par la Loi sur l’évaluation d’impact sont respectées dans l’ensemble du pays pour protéger l’environnement et défendre les droits des peuples autochtones.
  • Sur l’engagement de « [créer] un Bureau des grands projets fédéraux doté d’un nouveau mandat visant à mettre en oeuvre le principe « Un projet, une évaluation » en rendant une décision sur les projets majeurs dans un délai de deux ans plutôt que cinq, tout en respectant pleinement l’intégrité environnementale et les droits des peuples autochtones » : Cet engagement doit mettre la responsabilité de réaliser des études et analyses adéquates de futurs projets sur les promoteurs peser afin qu’ils puissent s’asseoir à la table avec le nouveau Bureau ayant en main un projet bien informé et bien établi. La plupart des retards des projets sont dus en grande partie aux demandes des promoteurs qui souhaitent obtenir plus de temps de la part du gouvernement pour entreprendre des études supplémentaires afin de mieux comprendre les impacts potentiels de leurs projets sur l’environnement, les espèces en danger, les oiseaux migrateurs et les droits des peuples autochtones.
    Ces considérations ne peuvent être abandonnées. En outre, le principe « un projet, une évaluation » est réciproque et exige des promoteurs qu’ils définissent adéquatement la portée de leur proposition de projet afin d’y inclure toutes les éléments nécessaires de leur projet dans une seule proposition, y compris toutes les routes nécessaires pour relier le site du projet à l’infrastructure de transport existante.
  • Sur l’engagement à « Accélérer la mise sur le marché des minéraux critiques canadiens » : L’extraction des minéraux est nécessaire à une économie propre, mais elle doit s’inscrire dans le cadre d’un effort visant à améliorer radicalement l’efficacité et la sobriété énergétiques du Canada. Le gouvernement fédéral doit d’autant plus respecter la souveraineté des peuples autochtones sur les terres et territoires qu’ils occupent et protègent depuis des temps immémoriaux. Cela implique un véritable engagement à respecter le consentement libre, préalable et éclairé des communautés autochtones concernées par les projets d’exploitation minière, y compris dans la région du Cercle de feu. Il s’agit aussi de respecter les situations dans lesquelles les communautés autochtones choisissent de ne pas consentir à un projet qui porterait un préjudice irréparable à leur territoire et modifierait fondamentalement leur mode de vie.

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Climate Action Network – Réseau action climat (CAN-Rac) Canada est le plus vaste réseau d’organisations travaillant sur les questions liées aux changements climatiques et à l’énergie au Canada. Il s’agit d’une coalition de 180 organisations opérant d’un océan à l’autre. Nos membres rassemblent des groupes environnementaux, des syndicats, des Premières Nations, des organisations de justice sociale, de développement, de santé et de jeunesse, des groupes religieux et des initiatives locales.

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