Published On: avril 6, 2022

Territoires non-cédés de la Nation algonquine anishinaabe [OTTAWA], 6 avril 2022 :

La décision du gouvernement fédéral d’approuver le projet pétrolier Bay du Nord d’Equinor sabote l’engagement du Canada à lutter contre la crise climatique.

Dans la foulée du rapport publié cette semaine par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), il est clair que tout nouveau projet d’infrastructure de combustible fossile est incompatible avec la limitation de l’augmentation de la température mondiale à 1,5 °C. En réponse au rapport, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a déclaré : « Les radicaux vraiment dangereux sont les pays qui augmentent la production de combustibles fossiles. Investir dans de nouvelles infrastructures de combustibles fossiles est une folie morale et économique. De tels investissements seront bientôt des actifs échoués – une tache sur le paysage et un fléau pour les portefeuilles d’investissement » (traduction libre).

En donnant le feu vert à un projet qui produirait 1 milliard de barils de pétrole au cours de sa durée de vie, le Premier ministre Justin Trudeau et son cabinet prouvent qu’ils font partie de ces « radicaux dangereux. »

« Voir le gouvernement approuver de nouvelles infrastructures fossiles sous sa juridiction pour la première fois depuis 2019 – quelques jours après la publication de son premier plan climatique mandaté par la loi – n’est rien de moins que crève-coeur, » a déclaré Caroline Brouillette, Directrice des politiques nationales au Climate Action Network – Réseau action climat Canada.

« Le Premier ministre Justin Trudeau perpétue le mythe selon lequel le Canada peut être un chef de file en matière de climat tout en continuant à produire et à exporter de grandes quantités de combustibles fossiles destructeurs du climat, » a-t-elle ajouté. « Plus nos dirigeant.e.s tardent à être honnêtes avec les Canadien.ne.s sur l’incompatibilité entre l’augmentation de la production pétrolière et un avenir sans danger pour le climat et l’emploi, plus le réveil sera brutal. La décision d’aujourd’hui est un manque de courage. »

L’annonce que l’approbation est conditionnelle à ce que Bay du Nord atteigne la carboneutralité d’ici 2050 montre que le gouvernement fédéral n’a pas réussi à comprendre la simple vérité qu’il n’existe pas de pétrole sans carbone, tout comme il n’existe pas de pétrole propre. La grande majorité des émissions se produisent lors de la combustion du pétrole, ce qui signifie que le fait de rendre la production légèrement moins intensive en carbone ne concerne qu’une fraction de l’impact climatique du projet. La condition de carboneutralité expose l’hypocrisie du Canada lorsqu’il s’agit d’assumer la responsabilité des combustibles fossiles exportés, ainsi que la confiance myope du gouvernement dans de fausses solutions inefficaces et nuisibles.

Cette décision révèle que la stratégie des libéraux en matière de climat est en contradiction avec les recherches des plus grands climatologues au monde. Comme l’a démontré le GIEC, l’augmentation de la production de combustibles fossiles est tout simplement incompatible avec un avenir viable. La seule façon d’atteindre une véritable sécurité énergétique et climatique est d’augmenter immédiatement les énergies renouvelables et les mesures d’efficacité, tout en repensant nos systèmes et nos communautés afin de réduire le besoin d’utiliser des combustibles fossiles.

Le fait que cette décision vienne en même temps qu’une révision de l’extension de la Base Mine de Suncor est paradoxal. Réduire l’expansion de l’industrie volatile des énergies fossiles à un endroit mais prolonger la dépendance envers cette dernière à un autre endroit, alors que le monde cherche à réduire sa dépendance au pétrole, ne rend pas service aux travailleur.euse.s. Les sondages montrent que les gens de Terre-Neuve-et-Labrador veulent une économie verte. Les travailleur.euse.s méritent un soutien et un plan avant-gardiste de la part des gouvernements fédéral et provincial pour de bons emplois durables à long terme, y compris la formation professionnelle et de nouvelles possibilités dans les secteurs renouvelables et autres.

Le projet Bay du Nord fait face à une large opposition. Plus d’une centaine de groupes de citoyens et de groupes environnementaux de Terre-Neuve et de tout le Canada ainsi que plus de quatre-vingts organisations internationales ont demandé au Cabinet fédéral de rejeter le projet. Des étudiant.e.s du secondaire ont mené des manifestations contre Bay du Nord dans les rues de Montréal la semaine dernière.

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Climate Action Network – Réseau action climat (CAN-Rac) Canada est le plus vaste réseau d’organisations travaillant sur les questions liées aux changements climatiques et à l’énergie au Canada. Il s’agit d’une coalition de 140 organisations opérant d’un océan à l’autre. Nos membres rassemblent des groupes environnementaux, des syndicats, des Premières Nations, des organisations de justice sociale, de développement, de santé et de jeunesse, des groupes religieux et des initiatives locales.

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