Published On: janvier 31, 2025

Territoires non-cédés de la Nation algonquine anishinaabe [OTTAWA], 31 janvier 2025 :

À la veille de l’imposition des tarifs douaniers prévue pour demain, le Réseau action climat Canada a publié la déclaration suivante :

Les premières semaines du mandat de Trump ont été marquées par des décisions déplorables sur de nombreux fronts – du retrait des États-Unis de l’Accord de Paris, aux arrestations et expulsions massives menées par le service de l’immigration et des douanes des États-Unis, en passant par de multiples attaques contre les droits des personnes transgenres – ainsi que par la menace d’imposer des tarifs douaniers punitifs sur les produits canadiens.

La protection des Canadien.ne.s au cours d’une deuxième administration de Trump et de son entourage nécessitera des mesures audacieuses de la part de nos dirigeant.e.s fédéraux et provinciaux. Cependant, jusqu’à présent, la réponse de certains politicien.ne.s canadien.ne.s est alarmante : nous avons assisté à un renforcement de la présence militaire à la frontière et à la désignation des immigrant.e.s comme boucs émissaires, à un recul sur les engagements climatiques et à des stratagèmes malhonnêtes visant à renforcer la dépendance aux énergies fossiles.

Les industries pétrolières et leurs représentants n’ont pas tardé à tirer profit de cette crise en appelant à accélérer l’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) de la Colombie-Britannique vers l’Asie, et même à ressusciter des projets de pipelines laissés tomber depuis longtemps, tels qu’Énergie Est et Northern Gateway. Bien qu’elle joue la carte patriotique du « Fait au Canada » lorsque cela lui profite, la réalité est que l’industrie pétrolière et gazière du Canada appartient plus largement aux États-Unis. Ces projets sont soutenus par des milliardaires et des sociétés d’investissement de Wall Street, proches alliés et donateurs de Trump, désireux de faire du Canada le 51e État et de prioriser les intérêts de leurs investisseurs et actionnaires, majoritairement américains.

Nous appelons nos dirigeant.e.s à ne pas tomber dans le piège et se soumettre à l’avance à la tyrannie ou laisser les entreprises d’énergies fossiles appartenant à des intérêts américains exploiter cette crise. La réaction des gouvernements canadiens doit respecter nos valeurs, veiller à la protection des travailleur.euse.s et des personnes les plus vulnérables, et rendre notre pays plus résilient pour les années à venir.

Pour ce faire, il est nécessaire de :

Reconstruire le filet de sécurité sociale

Le Canada doit se préparer à une hausse potentielle du taux de chômage et fournir un soutien financier supplémentaire aux travailleur.euse.s des industries et des secteurs concernés par les tarifs américains, à la façon des mesures introduites lors de la pandémie de COVID-19. Pour minimiser les préjudices à l’encontre des travailleur.euse.s, les mesures de soutien à l’emploi devraient inclure : la mise en place d’un programme similaire à la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC), en particulier pour les secteurs et entreprises dépendants des exportations vers les États-Unis; un accès plus facile à l’assurance-emploi ou à d’autres programmes spécialisés d’aide au revenu, avec des critères d’admissibilité plus souples; l’expansion du programme de Travail partagé et l’octroi de revenus supplémentaires pour la reconversion professionnelle. Les gouvernements ont le pouvoir de relancer l’économie en investissant davantage dans des services publics essentiels tels que les soins de santé, les transports en commun, l’éducation, les programmes de logement social et les initiatives pour l’adaptation aux changements climatiques, créant ainsi de nouveaux emplois et remédiant au piètre état de nos infrastructures publiques.

Cette extension du filet de sécurité sociale devrait permettre aux travailleur.euse.s d’avoir accès à des emplois durables, y compris pour les jeunes, par l’entremise d’une brigade jeunesse pour le climat.

Imposer des taxes à l’exportation stratégiques

Les taxes à l’exportation sur le pétrole, le gaz et autres produits canadiens difficiles à remplacer devraient viser les profits des entreprises américaines et faire pression sur l’administration de Trump en vue de négocier leur retrait. Ces taxes devraient être conçues stratégiquement pour maximiser leur impact sur les États-Unis tout en minimisant les effets négatifs sur les travailleur.euse.s et entreprises du Canada. Toutefois, gardons en tête que comme il n’y a pas de solutions parfaites, les travailleur.euse.s américains pourraient malheureusement en subir les conséquences. Selon le Centre canadien de politiques alternatives, une taxe à l’exportation de 25 % sur le pétrole et le gaz rapporterait au gouvernement fédéral un peu plus de 40 milliards de dollars par an si l’on se fit aux exportations actuelles du pays vers les États-Unis. Ces fonds devraient servir à renforcer la résilience des travailleur.euse.s et de leurs communautés.

Une stratégie industrielle verte pour la résilience

Pendant plus d’un quart de siècle, le Canada a misé sur la « sécurité énergétique continentale » en investissant dans des pipelines et raffineries transfrontaliers et en consolidant ses intérêts économiques communs avec les États-Unis, et ce, malgré l’évidence, toujours plus grande, qu’une telle approche ne conduirait pas à une plus grande résilience – et n’y parviendrait jamais. Les conséquences économiques que nous subissons aujourd’hui le démontrent et s’accompagnent d’une incertitude, d’une méfiance et d’une anxiété accrues.

Tout comme l’Europe l’a fait en réponse à l’invasion de l’Ukraine par Poutine, nous devons rapidement nous défaire de notre dépendance à l’égard du pétrole et du gaz, ainsi que de nos relations commerciales avec les États-Unis. Il est temps de passer de la précarité à une véritable sécurité énergétique et économique. Les gouvernements fédéral et provinciaux doivent de toute urgence mettre en place une stratégie industrielle verte publique visant à développer un réseau électrique national et notre capacité de production d’énergies renouvelables, tout en insistant sur la mise en œuvre et le développement de projets qui reconnaissent et assurent le respect des droits des peuples autochtones et veillent à leur participation active aux décisions qui les concernent (CPLCC) et qui répondent à des critères rigoureux de protection de l’environnement. Nous devons profiter de la présente stabilité du cadre réglementaire canadien afin d’encourager des investissements et financements pour des projets d’énergies renouvelables qui, autrement, pourraient être détournés vers les États-Unis. Le moment est venu de diversifier notre économie et de trouver de nouveaux partenaires commerciaux à long terme en assurant la création d’emplois de qualité, bien rémunérés et protégés, où le droit de se syndiquer est pleinement reconnu.

Plus, et non moins, de coopération internationale

La guerre commerciale du président Trump démontre qu’il ne mise pas sur le principe de « l’Amérique d’abord » mais plutôt défend la vision de « l’Amérique, seulement l’Amérique ». Le multilatéralisme est mis à rude épreuve. Toutefois, une crise géopolitique alimentée par un dirigeant belliqueux – comparable à d’autres crises auxquelles le monde est confronté – nécessite que les pays se concertent pour collaborer plus étroitement. Le Canada gagnerait à coordonner sa riposte avec le Mexique, la Colombie, l’Union européenne et d’autres pays, et à commencer à réduire notre dépendance économique à un seul partenaire commercial. Une contre-attaque menée sur plusieurs fronts par les plus grands partenaires commerciaux des États-Unis se révèlerait plus difficile à surmonter pour le président Trump. En tant que président du G7, le Canada est responsable de démontrer aux pays les plus riches que, même si les États-Unis préfèrent se mettre la tête dans le sable, le reste du G7 s’efforce toujours d’accélérer l’action climatique et souhaite coopérer avec tous les pays pour que cela se concrétise.

Face à la menace que représente Donald Trump, nous ne pouvons pas permettre aux politicien.ne.s de  profiter de cette crise afin de satisfaire leurs propres intérêts ni de préserver de justesse le statu quo. Le Canada se doit d’y répondre de manière à permettre à son économie et son identité nationale de s’affranchir de sa dépendance des États-Unis et de l’extraction des énergies fossiles – une réponse qui prend soin des gens et qui définit une vision claire pour un avenir plus résilient.

Signé par:

Climate Action Network – Réseau action climat Canada

re•generation

Canada’s Clean50

Delta Management Group

Canadian Association of Nurses for the Environment

For Our Kids

Sectoral Climate Arts Leadership for the Emergency – SCALE

Sierra Club Canada

MiningWatch Canada

Greenpeace Canada

350 Canada

Canadian Unitarians For Social Justice

Eau Secours

Citizens for Public Justice (CPJ)

Climate Emergency Unit

Coalition for Responsible Energy Development in New Brunswick (CRED-NB)

Leadnow

Workshops for Biodiversity

Canadian Health Association for Sustainability and Equity (CHASE)

Climate Caucus

Fédération des travailleuses et travailleurs du Quebec – FTQ

Equiterre

Windfall Ecology Centre

Music Declares Emergency Canada

Council of Canadians

Alberta Beyond Fossil Fuels

Citizens’ Climate Lobby Canada

ClimateFast

Grandmothers Act to Save the Planet (GASP)

Stand.earth

Seniors For Climate Action Now! (SCAN!)

Shift: Action for Pension Wealth and Planet Health (a project of Makeway Canada)

Green 13

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Climate Action Network – Réseau action climat (CAN-Rac) Canada est le plus vaste réseau d’organisations travaillant sur les questions liées aux changements climatiques et à l’énergie au Canada. Il s’agit d’une coalition de plus de 180 organisations opérant d’un océan à l’autre. Nos membres rassemblent des groupes environnementaux, des syndicats, des Premières Nations, des organisations de justice sociale, de développement, de santé et de jeunesse, des groupes religieux et des initiatives locales.

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