Territoires non-cédés de la Nation algonquine anishinaabe [OTTAWA], 28 juin 2022 :
Aujourd’hui, les chefs des pays du G7, dont le Premier ministre Justin Trudeau, sont revenus sur leur engagement à cesser de financer les combustibles fossiles à l’étranger, révélant ainsi leur incapacité à tirer les leçons des crises récentes.
Le communiqué des chefs publié aujourd’hui, à l’issue du sommet de Schloss Elmau en Allemagne, affaiblit l’engagement pris par la plupart des pays du G7, ainsi que par des dizaines d’autres nations à la COP26, de mettre fin à tout nouveau soutien public direct aux combustibles fossiles d’ici à la fin de 2022.
Il y a un mois, les ministres du G7 chargés du climat, de l’énergie et de l’environnement avaient réaffirmé cet engagement, auquel le Japon avait adhéré pour la première fois. Le Canada fournit plus de financement public international pour les combustibles fossiles que tout autre membre du G7 : 11 milliards de dollars américains par an de 2018 à 2020. L’engagement des pays du G7 aurait pu faire basculer 33 milliards de dollars américains par an vers des sources d’énergie propres.
Le G7, présidé par l’Allemagne, ouvre la porte à des exceptions, autorisant l’injection de fonds publics dans des projets gaziers à l’étranger et allant jusqu’à qualifier de « nécessaire » l’augmentation des investissements dans le gaz naturel liquéfié (GNL).
« L’engagement du G7 sur le financement des combustibles fossiles est tellement plein de trous qu’on pourrait le confondre avec du fromage suisse, » a déclaré Eddy Pérez, directeur de la diplomatie climatique internationale au Climate Action Network – Réseau action climat Canada. « Lorsqu’il s’agit de réduire leur dépendance aux combustibles fossiles, les riches pollueurs continuent de faire un pas en avant, deux pas en arrière. Ils prétendent comprendre l’urgence de l’action climatique, mais derrière les belles paroles se cache un refus de changer leurs habitudes coloniales d’expansion et d’extraction – au détriment des populations les plus pauvres et les plus marginalisées du monde. »
La science est sans ambiguïté : il faut mettre un terme à l’expansion du pétrole, du gaz et du charbon pour protéger les personnes et les communautés des effets néfastes du climat. Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a qualifié les nouveaux investissements dans les combustibles fossiles de « folie morale et économique. »
Alors que les pays de l’Europe cherchent des sources d’énergie alternatives suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’industrie pétrolière et gazière profite de la crise et l’utilisent pour justifier l’expansion des infrastructures et de nouveaux projets qui ne seraient pas mis en ligne à temps pour aider à résoudre la crise actuelle, mais qui verrouilleraient la dépendance aux combustibles fossiles pour les décennies à venir. Les sources renouvelables telles que l’énergie éolienne et solaire, ainsi que les mesures d’efficacité énergétique, peuvent être développées bien plus rapidement, à moindre coût et sans provoquer une augmentation désastreuse de la température mondiale.
L’affaiblissement de l’engagement est un geste ouvertement opportuniste de la part de l’Allemagne, pays hôte du G7, dont le chancelier Olaf Scholz est intéressé par la poursuite de projets gaziers au Sénégal. Des voix de la société civile telles que le directeur de Power Shift Africa, Mohamed Adow, et l’activiste ougandaise Vanessa Nakate ont dénoncé la ruée vers le gaz en Afrique comme une tentative cynique d’extraire quelques dernières années de profit d’une industrie moribonde et d’en faire supporter les conséquences financières et climatiques à long terme aux pays en développement.
Bien que l’annonce de la volonté du G7 d’aller de l’avant avec les partenariats pour une transition énergétique juste avec l’Indonésie, l’Inde, le Sénégal et le Vietnam était bienvenue, autoriser la poursuite du financement public international des projets gaziers risque de compromettre la transition énergétique mondiale.
« Construire un avenir plus sécuritaire signifie réorienter de toute urgence les flux financiers pour investir dans les énergies propres et les communautés plus résilientes, en particulier dans les pays en développement les plus touchés par les catastrophes climatiques, » a ajouté M. Pérez. « Les pays riches hésitent encore à tenir leurs engagements en matière de financement climatique et refusent d’offrir des compensations pour les pertes et dommages induits par le climat. Aujourd’hui, les chefs du G7 n’ont pas réussi à faire le strict minimum et à cesser de jeter de l’huile sur le feu. Il est décevant que le Canada n’ait rien fait pour mettre fin à cette abnégation honteuse de ses responsabilités. »
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Climate Action Network – Réseau action climat (CAN-Rac) Canada est le plus vaste réseau d’organisations travaillant sur les questions liées aux changements climatiques et à l’énergie au Canada. Il s’agit d’une coalition de 140 organisations opérant d’un océan à l’autre. Nos membres rassemblent des groupes environnementaux, des syndicats, des Premières Nations, des organisations de justice sociale, de développement, de santé et de jeunesse, des groupes religieux et des initiatives locales.
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