Territoires non cédés de la Nation algonquine anishinaabe [OTTAWA], 2 décembre 2025 :
En réponse au nouveau protocole d’entente entre le Canada et l’Alberta, Caroline Brouillette, directrice exécutive du Réseau action climat Canada, a publié la déclaration suivante :
« Loin d’avoir conclu un grand accord, le gouvernement fédéral a simplement cédé aux exigences de l’industrie des énergies fossiles et de ses laquais provinciaux, sacrifiant impunément des mesures essentielles à la protection de l’environnement et des communautés. Cet accord menace les droits des Autochtones, entraînera une augmentation des émissions de gaz à effet de serre et ne fera qu’encourager les climatosceptiques.
« Ce n’est pas clair ce que le premier ministre Carney croit avoir gagné avec cet accord, mais il est clair qu’il a perdu son pouvoir de négociation, une grande partie de l’électorat progressiste et toute crédibilité en matière d’environnement.
« Depuis des mois, notre réseau et nos membres alertent ce gouvernement sur les conséquences de son indifférence face aux préoccupations de la société civile et des peuples autochtones quant aux risques du reniement des engagements durement acquis en matière de climat et de réconciliation. Ce protocole d’entente ouvre la voie à des impacts environnementaux accrus sur les écosystèmes fragiles, à une augmentation des émissions de gaz à effet de serre, à un manque de respect pour les Britanno-Colombiens et les Premières Nations de la côte ouest, à des contestations judiciaires coûteuses et à des coûts financiers importants qui seront à la charge des contribuables canadiens. Tout cela en échange d’engagements visant à améliorer marginalement la mise en œuvre déjà défaillante du prix du carbone industriel en Alberta. »
Les engagements énoncés dans le protocole d’entente comprennent :
- L’engagement du gouvernement fédéral à désigner un nouvel oléoduc en Alberta comme un « projet d’intérêt national »;
- La promesse d’une exemption potentielle au moratoire relatif aux pétroliers pour l’exportation de pétrole provenant de cet oléoduc;
- L’augmentation de la capacité du pipeline Trans Mountain afin de transporter 300 000 à 400 000 barils supplémentaires par jour, même si le coût du projet a déjà largement dépassé les estimations initiales et a coûté aux contribuables canadiens déjà au moins 35 milliards de dollars;
- L’engagement que le prix du carbone industriel passera à 130 $ la tonne (sans date précise) au lieu des 170 $ la tonne initialement prévu pour 2030;
- La suppression du plafond prévu pour les émissions de l’industrie pétrolière et gazière—le secteur le plus polluant au Canada et dont les émissions ont explosé au cours des deux dernières décennies;
- Le report jusqu’en 2035 des exigences imposées aux entreprises pétrolières et gazières pour réduire leurs émissions de méthane (les mesures les plus faciles à mettre en oeuvre pour réduire les émissions);
- L’exemption de l’Alberta du règlement sur l’électricité propre, ouvrant la voie à d’autres provinces pour exiger des exemptions similaires;
- L’utilisation des réseaux de transport d’électricité dans les provinces de l’Ouest pour alimenter la production de pétrole et de gaz, le captage, l’utilisation et le stockage du carbone, et les centres de données de l’intelligence artificielle, plutôt que l’électrification du réseau des transports, le chauffage et la climatisation résidentielle qui aurait un grand impact sur l’accessibilité financière des ménages canadiens; et
- L’accord de subventions publiques supplémentaires au secteur pétrolier et gazier par le biais du projet de capture du carbone Pathways Alliance et des allègements fiscaux pour la récupération assistée des hydrocarbures.
Notons que le protocole d’entente ne fait aucune mention du droit des nations autochtones au consentement libre, préalable et éclairé ni ne reconnaît la position de longue date des Premières Nations côtières de la Colombie-Britannique contre des pétroliers sur la côte nord.
« En démissionnant du cabinet des ministres, le ministre Steven Guibeault démontre au premier ministre Mark Carney et à son cabinet les conséquences politiques de leur mépris pour la lutte contre les changements climatiques et les droits des Autochtones », a ajouté Caroline Brouillette. « Nous saluons le courage et l’intégrité du ministre Guilbeault qui s’oppose à ce gouvernement et nous l’appuyons, ainsi que tous ceux qui s’opposent à une entente qui donne tout le pouvoir de négociation au lobby pétrolier et gazier – et peu, voire aucun avantage, aux Canadiens. »
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Climate Action Network – Réseau action climat (CAN-Rac) Canada est le plus vaste réseau d’organisations travaillant sur les questions liées aux changements climatiques et à l’énergie au Canada. Il s’agit d’une coalition de près de 200 organisations opérant d’un océan à l’autre. Nos membres rassemblent des groupes environnementaux, des syndicats, des Premières Nations, des organisations de justice sociale, de développement, de santé et de jeunesse, des groupes religieux et des initiatives locales.
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Crédit photo : Jeff McIntosh, La Presse Canadienne