Published On: avril 4, 2022

Territoires non-cédés de la Nation algonquine anishinaabe [OTTAWA], 4 avril 2022 :

Le rapport publié aujourd’hui par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) montre qu’un avenir plus juste et plus sécuritaire est possible, mais que les plans actuels des gouvernements ne nous y mèneront pas. Pour limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 °C, le monde doit réduire de moitié les émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici à 2030. Les solutions existent et sont plus économiques que jamais, mais les gouvernements n’ont pas encore rattrapé leur retard ; les dirigeant.e.s doivent maintenant prouver qu’ils ont la volonté politique de les mettre en œuvre.

Les deux derniers rapports du GIEC ont illustré l’ampleur des souffrances et des dommages causés par la hausse des températures mondiales, aux écosystèmes et aux populations. Le rapport du groupe de travail III du GIEC sur l’atténuation du changement climatique présente une feuille de route complète pour mettre fin à l’héritage de la destruction induite par les combustibles fossiles et construire un avenir juste et équitable.

La mobilisation des citoyen.ne.s, des jeunes et des Peuples Autochtones a joué un rôle essentiel dans la sensibilisation au climat et dans la propulsion de l’action, mais les actions des gouvernements à travers le monde restent très insuffisantes. Les émissions nettes totales de gaz à effet de serre (GES) sont aujourd’hui 54 % plus élevées qu’en 1990, date du début des négociations internationales sur le climat. Les engagements actuels des gouvernements en matière de climat conduiraient à une augmentation catastrophique de la température mondiale et à des impacts bien plus fréquents et bien plus dévastateurs.

Alors que certains pays ont réussi à réduire leurs émissions au cours de la dernière décennie, le Canada est le seul pays du G7 dont les émissions ont augmenté depuis la signature de l’Accord de Paris. Le plan de réduction des émissions dévoilé la semaine dernière montre que le gouvernement fédéral croit encore qu’il peut avoir le beurre et l’argent du beurre, en adhérant au mythe selon lequel il peut réduire considérablement les émissions tout en augmentant la production de combustibles fossiles. Le plan comprend quelques mesures et investissements prometteurs, conformes aux recommandations du GIEC, mais il n’assume toujours pas la responsabilité de l’empreinte carbone gargantuesque du Canada et de ses exportations massives de combustibles fossiles.

Les conclusions du GIEC sont claires :

  • La surconsommation de combustibles fossiles par les pays riches comme le Canada est responsable de la souffrance des millions de personnes dans le monde confrontées à des inondations, des sécheresses, des incendies et des famines.

    • Il faut éliminer immédiatement la consommation et la production de combustibles fossiles

    • Il ne peut y avoir absolument aucune nouvelle infrastructure ou aucun nouveau projet lié aux combustibles fossiles

    • À elles seules, les infrastructures actuelles de combustibles fossiles mettraient hors de portée l’objectif de 1,5°C de l’Accord de Paris. Les gouvernements doivent arrêter toute expansion et démissionner les infrastructures actuelles des combustibles fossiles.

  • Les énergies renouvelables – l’éolien et le solaire en particulier – n’ont jamais été aussi peu chères, et cette évolution s’est produite beaucoup plus rapidement que prévu. Elles constituent des alternatives crédibles pour assurer la sécurité énergétique en s’éloignant des combustibles fossiles

    • Les gouvernements doivent rapidement accroître les investissements dans les énergies renouvelables au cours de la présente décennie, parallèlement à l’amélioration de l’efficacité énergétique, à la conservation et à la restauration des forêts et autres écosystèmes naturels, à une agriculture et à une alimentation respectueuses du climat, et à un réduction des émissions de méthane

    • Les solutions climatiques sont bon marché, la moitié d’entre elles coûtant moins de 20 USD par tonne CO2, et nombre d’entre elles permettant même de réaliser des économies

  • Toutes les nations, en particulier les pays riches et les pays à fortes émissions comme le Canada, doivent renforcer leurs plans climatiques pour 2030 afin de s’aligner sur l’objectif de 1,5°C

  • Nous avons l’argent et la capacité de payer ces transitions, mais tous les pays doivent aligner leurs flux financiers avec les voies de développement nous permettant de couper de moitié les émissions d’ici à 2030

    • Les subventions aux combustibles fossiles, qui bloquent la transition énergétique et déséquilibrent les incitations, doivent cesser

    • En même temps, les investissements dans les énergies propres, l’efficacité, les transports, l’agriculture et les forêts devront être multipliés par 3 à 6

    • Il est essentiel d’accroître considérablement le financement climatique et d’assurer une répartition équitable des ressources, car l’accès au financement reste un obstacle majeur pour les pays en développement, où les populations portent le moins de responsabilité dans la crise climatique, mais sont confrontées à ses pires conséquences

Ce rapport doit inciter les gouvernements à intensifier l’action climatique et à donner la priorité à la sécurité et au bien-être des populations. Le GIEC présente une voie claire pour assurer un avenir plus juste et plus sain – mais cela nécessite un changement rapide et transformationnel et un engagement inébranlable en faveur de la justice climatique.

Citations :

Eddy Pérez, Directeur de la diplomatie climatique internationale, Climate Action Network – Réseau action climat Canada: 

« Le rapport du GIEC publié aujourd’hui confirme que nous vivons un moment de transitions sans précédent. Les gouvernements sont confrontés à un choix. Ils peuvent saisir ce moment pour transformer les systèmes sociaux et économiques, accélérer l’action climatique tout en priorisant les besoins des communautés, des peuples Autochtones et des travailleur.euse.s. Ou alors, ils peuvent rester complaisants face à l’escalade de la destruction, des conflits et de la pauvreté, et permettre à l’industrie pétrolière et gazière de brûler notre espoir d’un avenir vivable. »

Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada:

« Nous n’avons plus une seconde à perdre et les gouvernements, les entreprises et les institutions financières n’ont plus d’excuses. L’une des façons pour le Canada d’en faire davantage est de réorienter les milliards qui vont en soutien aux énergies fossiles vers les solutions climatiques proposées par le GIEC. C’est une véritable honte que les cinq grandes banques canadiennes figurent parmi les 20 premiers bailleurs de fonds mondiaux des combustibles fossiles et que leur financement à cette industrie ait augmenté de 70% l’année dernière. Il n’y a aucune excuse pour injecter plus d’argent dans les combustibles fossiles alors que nous avons désespérément besoin d’investir dans un avenir plus propre et plus juste. »

Sabaa Khan, directrice générale pour le Québec et l’Atlantique, Fondation David Suzuki :

« L’humanité n’a jamais été mieux équipée technologiquement et financièrement pour décarboniser nos économies et renforcer la résilience mondiale. Nous avons toutes les solutions nécessaires – nous ne les mettons simplement pas en œuvre assez rapidement. Ce rapport est clair : les prochaines années sont cruciales pour mettre fin aux flux financiers qui sont incompatibles avec l’objectif de 1,5 °C de l’accord de Paris. Le Canada doit donner suite à ce rapport du GIEC en fixant un plafond ambitieux pour les émissions de pétrole et de gaz. »

Émile Boisseau-Bouvier, analyste des politiques climatiques, Équiterre:

« En lisant le rapport, on se rend bien compte de l’écart marquant entre ce que les scientifiques proposent et la volonté politique de nos gouvernements. On ne fera pas de transition sans modification majeure de notre façon de nous déplacer, de nous nourrir, de consommer et d’occuper le territoire. C’est le temps pour nos gouvernements de regarder la réalité en face et d’en finir avec les demi-mesures. »

Ugo Lapointe, Consultant indépendant et co-porteparole de la Coalition Québec meilleure mine:

« Pour la première fois, le GIEC met en lumière les préoccupations croissantes liées à l’extraction et à l’utilisation des minéraux, des métaux et d’autres matériaux critiques, y compris ceux utilisés dans les technologies de transition énergétique telles que les batteries. Plus que jamais, le GIEC recommande des politiques et des investissements ambitieux dans le recyclage, la réutilisation et la circularité des minéraux pour réduire l’empreinte environnementale et les risques d’approvisionnement en matériaux afin d’atteindre les objectifs climatiques, en particulier pour les secteurs urbain, des transports et industriel. »

Dre Olena Zotova, présidente du conseil de coordination du Réseau d’action pour la santé durable du Québec:

« Les professionnels de la santé à travers le pays soignent déjà des victimes de feux de forêts, des vagues de chaleur et de la pollution de l’air. Nous avons besoin d’actions plus ambitieuses et urgentes pour réduire les risques climatiques à la santé. Le GIEC nous donne des solutions qui sont bonnes pour la santé, en plus d’être bonnes pour le climat. En investissant maintenant pour le climat, nous pouvons sauver des millions de vies et épargner des coûts importants au système de santé. Les Canadiens méritent un futur durable et en santé : nous devons en faire plus dès maintenant pour le garantir. »

Julie Segal, directrice principale du financement climatique, Environmental Defence 

« La finance peut être un catalyseur ou une contrainte pour réduire les émissions et maintenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5 degré. Nos marchés financiers mondiaux ont suffisamment de ressources, de capitaux et de liquidités pour réduire les émissions, mais nous devons investir au moins trois fois plus chaque année dans la réduction des émissions pour utiliser ce capital à bon escient. Les nombreuses initiatives volontaires « net-zéro » du secteur privé n’ont pas stimulé les nouveaux investissements nécessaires dans les solutions climatiques. Nous avons besoin des réglementations du Ministre des Finances du Canada qui obligent les investisseurs à divulguer les risques financiers liés au climat et à orienter les capitaux pour réduire les émissions financées.

« Le rapport du GIEC est clair: nous avons le capital nécessaire pour réduire le carbone, mais nous avons besoin que le financement privé se dirige plus rapidement dans cette direction. Des réglementations financières du climat plus fortes peuvent le permettre. »

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Climate Action Network – Réseau action climat (CAN-Rac) Canada est le plus vaste réseau d’organisations travaillant sur les questions liées aux changements climatiques et à l’énergie au Canada. Il s’agit d’une coalition de 140 organisations opérant d’un océan à l’autre. Nos membres rassemblent des groupes environnementaux, des syndicats, des Premières Nations, des organisations de justice sociale, de développement, de santé et de jeunesse, des groupes religieux et des initiatives locales.

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PHOTO CREDIT: Joan Sullivan / Climate Visuals Countdown