Lors de la COP26, le Canada, les États-Unis, le Royaume-Uni et 21 autres pays et institutions s’unissent pour mettre fin à l’aide étrangère au pétrole, au gaz et au charbon l’année prochaine
Glasgow — Aujourd’hui, à la COP26, le Canada, les États-Unis, le Mali, le Royaume-Uni et 20 autres pays et institutions, provenant des pays développés et en voie de développement, ont lancé une déclaration commune dans laquelle ils s’engagent à cesser, d’ici à la fin de 2022, le financement public international direct du charbon, du pétrole et du gaz naturel, de même qu’à donner la priorité au financement des énergies propres. Cet engagement, si respecté, délogera le Canada de sa position actuelle comme le pays le moins bien classé du G20 en matière de financement public international du secteur des combustibles fossiles.
Après une vague d’engagements visant à mettre fin au financement international du charbon cette année, il s’agit du premier engagement politique international qui porte également sur le financement public du pétrole et du gaz. Si elle est mise en œuvre efficacement, cette initiative pourrait permettre de transférer directement plus de 18,6 milliards de dollars canadiens (15 milliards d’USD) par an vers les énergies propres, en les divertissant d’aides préférentielles soutenues par les gouvernements des combustibles fossiles. Ce chiffre peut augmenter de bien plus encore si les premiers signataires parviennent à convaincre leurs pairs de les rejoindre.
Une enjeu de transparence remet en question la portée de l’engagement. La quasi-totalité du financement public du Canada pour le pétrole et le gaz provient de la société d’État fédérale Exportation et développement Canada (EDC). Par contre, il s’agit en partie d’un soutien national qui n’est pas clairement couvert par l’engagement d’aujourd’hui, bien que ce financement soit étroitement lié et logé dans les mêmes programmes à EDC. En raison d’un manque de transparence, il n’est pas entièrement possible de séparer ce soutien national et international. Cela signifie que si le soutien global d’EDC aux combustibles fossiles s’est élevé à 13,6 milliards de dollars canadiens par an pour 2018-2020, le montant qui a été versé à l’échelle internationale et qui est donc entièrement couvert par cet engagement est seulement entre 2 et 9 milliards de dollars canadiens par an pour 2018-2020.
Les plus grands pays » bénéficiaires » du soutien international du Canada pour le pétrole et le gaz entre 2018 et 2020 ont été respectivement les États-Unis, le Mexique, l’Australie et la Colombie. Les entreprises bénéficiaires du financement comprennent à la fois des entreprises canadiennes participant à des projets à l’étranger et des entreprises internationales faisant affaire avec des entités canadiennes – Enbridge, Parex Resources, ConocoPhillips et Australia Pacific LNG figurant parmi les principaux bénéficiaires.
Il est urgent de réorienter le maximum du financement public de l’énergie vers les énergies propres plutôt que vers les combustibles fossiles. L’Agence internationale de l’énergie affirme que pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, 2021 doit marquer la fin des investissements non seulement dans le charbon, mais aussi dans les nouveaux approvisionnements en pétrole et en gaz. Pourtant, de nouvelles recherches menées par Oil Change International et Friends of the Earth US montrent qu’entre 2018 et 2020, les gouvernements du G20 et les banques multilatérales de développement (BMD) ont encore dépensé au moins 188 milliards de dollars dans les combustibles fossiles. C’était 2,5 fois plus que le soutien du G20 aux énergies renouvelables, qui s’élevait en moyenne à 26 milliards de dollars par an. Le Canada se classe bien plus mal que la moyenne mondiale, en soutenant 14,5 fois plus les combustibles fossiles que les énergies renouvelables. Au-delà des impacts climatiques, les activités pétrolières et gazières d’EDC au Canada et à l’étranger ont été liées à des violations des droits de la personne, de la fracturation en Colombie au pipeline CoastalGasLink en Colombie-Britannique.
L’engagement du Canada arrive après que plus de 100 organisations aient demandé au gouvernement fédéral de mettre fin au financement du pétrole et du gaz par Exportation et développement Canada, et également après que les subventions aux combustibles fossiles soient devenues un enjeu majeur lors de la période électorale fédérale du mois dernier. Un récent sondage d’Abacus Data a également révélé que 62 % des Canadiens souhaitent que le gouvernement canadien établisse un plan pour mettre fin aux subventions des contribuables à l’industrie pétrolière et gazière.
La convergence de grands pollueurs et de pays à faible revenu signant la déclaration est une rareté, et remet en question la notion que les pays en développement signataires veulent, ou ont besoin, d’investissements dans les combustibles fossiles pour atteindre leurs objectifs de développement. En plus d’atteindre leur objectif déclaré de donner la priorité au soutien des énergies renouvelables, les militants rappellent aux signataires que la capacité de cette initiative à soutenir une transition énergétique mondiale juste et alignée sur la norme de 1,5°C dépendra également de la fin du financement et des subventions nationales aux combustibles fossiles, de même que l’élimination des échappatoires permettant la ruée vers le gaz, l’action sur l’allègement de la dette mondiale, de l’augmentation du financement climatique basé sur des subventions et l’adhésion d’un plus grand nombre de pairs à l’engagement.
Citations :
FR: « Le Canada demeure le pays du G20 qui finance le plus fortement l’industrie fossile et donc la destruction de la planète. En annonçant l’élimination du financement international des combustibles fossiles en 2022, le Canada reconnaît les appels des jeunes, des communautés et des peuples autochtones qui demandent une transition immédiate qui répond aux besoins des gens. La transparence pour la suite, c’est crucial. Nous demandons maintenant au gouvernement canadien de publier les détails de la mise en œuvre de cette annonce. » || EN: « Canada remains the G20 country most heavily subsidizing the fossil fuel industry and thus the destruction of our planet. By announcing the phase-out of international fossil fuel finance by 2022, Canada recognizes the calls from young people, communities, and Indigenous peoples urgently asking for a people-led transition. Transparency matters, and we now urge the Canadian government to release implementation details of this critical policy. » Eddy Pérez, Directeur de la diplomatie climatique internationale || International climate diplomacy manager, Climate Action Network – Réseau action climat Canada.
FR: «Bonne nouvelle, mais le Canada doit aussi s’engager à cesser de subventionner les combustibles fossiles en territoire canadien, sinon il continuera à alimenter la crise climatique alors que les communautés, particulièrement les plus vulnérables, sont déjà mise à mal par l’exploitation et l’extraction, en plus de subir l’augmentation des évènements extrêmes comme les feux de forêt, les inondations et les canicules meurtrières. Au lieu de continuer à financer les hydrocarbures le Canada devrait financer les solutions et aider les pays en développement, les communautés et les travailleurs.« || EN: “Good news, but Canada must also end its support for fossil fuels at home, or else it will continue to exacerbate the climate crisis. Communities, especially the most vulnerable, that are already impacted by extraction are now facing natural disasters like forest fires, floods, and heatwaves as well. Instead of continuing to fund oil and gas Canada must fund climate solutions that support developing countries, communities, and workers.” Patrick Bonin, Climate and Energy Campaigner, Greenpeace Canada
“This is one of the only Canadian climate commitments to ever concretely address the oil and gas sector. It means Canada will likely no longer be the largest international backer of fossil fuels, that we will face lower risk of economic shocks from our overexposure to this sunsetting industry and that this influential financial support can be redirected to just transition and renewable energy globally instead. Today’s announcement is a credit to the climate movement and Indigenous land defenders that have been pushing Trudeau to take real climate action since the day he took office. But the federal government should also hear loud and clear that they must keep their election promises and extend this commitment to Export Development Canada’s closely related domestic finance, end other domestic fossil fuel subsidies, and pass a Just Transition Act with robust support for impacted workers and communities.” Bronwen Tucker, Public Finance Campaign Manager at Oil Change International
“We applaud Canada for showing much-needed climate leadership today by joining countries promising to shift public finance away from fossil fuels before the end of 2022. As the worst provider of public finance in the G20, taking this important step is critical for Canada to meet its emissions target. Eliminating public financing for fossil fuels will free up billions of dollars to support climate solutions and set Canada up to thrive as the world moves beyond oil and gas.” Julia Levin, Senior Climate and Energy Program Manager at Environmental Defence Canada.
“We welcome the news that Canada joined global leaders in calling for an end to international fossil fuel finance. To make good on this commitment, the Government of Canada must instruct its export bank, Export Development Canada, to immediately end the billions in support it provides the oil and gas industry each year. Canada should then exceed the commitment by ending all public finance for domestic fossil fuel operations.” Karen Hamilton, director of the Canadian corporate accountability project Above Ground.
“Shutting fossil fuels down is critical for tackling the climate crisis. This announcement is a step in the right direction but must be scaled up with more governments and public finance institutions committing to end finance for fossil fuels. This public money needs to be urgently redirected into a just energy transition that ensures clean universal energy access for communities in the global South and support for communities and coal, oil and gas workers without saddling countries with any further debt.” Tasneem Essop, Executive Director, Climate Action Network International.
“Today, Canada has taken a critical and historic step in joining other countries who are serious about shifting public finance away from fossil fuels. Canada has the opportunity to show leadership by rapidly scaling up public and private investment in the clean energy transition so that workers and communities here and around the globe can thrive in a low-carbon future. We applaud today’s commitment by the federal government, and encourage them to focus on both robust implementation and increased ambition.” Richard Florizone, President and CEO, International Institute for Sustainable Development (IISD).
“We have been calling for an end to public financing of fossil fuels for so long, governments should have responded earlier. The world has no more space or time left to accommodate the expansion of fossil fuel energy. Instead governments must act immediately and decisively for a swift and just transition to 100% renewable and democratic energy systems. There should be no exceptions, no reliance on unproven and unreliable carbon capture and storage technologies that hide the lack of ambition and justify some level of continued GHG emissions. Governments must also compel the private sector to stop funding new fossil fuel projects. We call on all countries, public financial institutions, and private financiers to commit and disclose concrete plans to end all support and financing, direct and indirect, for all fossil fuels — coal, gas and oil. Anything less will not be enough to limit global temperature rise to 1.5°C.” Lidy Nacpil, Asian’s Peoples Movement for Debt and Development.
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Contacts :
Vicky Coo, Responsable des communications, Climate Action Network – Réseau action climat Canada
+44 7375 375915 (numéro à Glasgow), comms@climateactionnetwork.ca
Bronwen Tucker, Public Finance Campaign Co-Manager, Price of Oil
+1 587 926 7601, bronwen@priceofoil.org
À Glasgow / disponible tôt, heure de l’Union européenne: Laurie van der Burg, Public Finance Campaign Co-Manager
+31 6 39020914, laurie@priceofoil.org
Alex Ross, Senior Communications Coordinator, Environmental Defence
647-546-3239, aross@environmentaldefence.ca