Dubaï, 11 décembre, 2023:
Alors que les négociations internationales sur le climat s’achèvent à la COP28, et que le nouveau projet de texte du bilan mondial est loin d’être à la hauteur des besoins, la société civile appelle le Canada à s’engager aux côtés des peuples et des pays en première ligne de la crise climatique, et à lutter pour un accord ancré dans la science et la justice qui protège la possibilité de limiter le réchauffement à 1,5°C.
Pendant cette COP, le Canada a contribué à bâtir des ponts entre des pays ayant des positions différentes, mais il a également été mis en cause hier par la Bolivie pour son expansion hypocrite des combustibles fossiles.
Lors de la COP28, la nécessité de mettre fin à la destruction causée par les combustibles fossiles est évidente. Le test décisif de cette COP est de savoir si les pays se mettent d’accord pour sortir des énergies fossiles; cette possibilité n’a jamais été aussi proche. Plus de 100 pays soutiennent la sortie des énergies fossiles, mais pour qu’elle ait lieu, elle doit être équitable et financée.
Le Réseau action climat Canada demande au ministre de l’Environnement et du Changement climatique Steven Guilbeault d’intervenir dans ces dernières heures et de plaider en faveur d’une ambition élevée dans le texte de décision de la COP28 – qui ne peut être atteinte que dans l’équité. Cela implique de livrer sur :
L’adaptation : Le fossé se creuse entre le financement de l’adaptation et la réalité de ce qui est nécessaire pour que les communautés se préparent aux impacts climatiques. Pourtant, l’adaptation a été négligée ou utilisée comme monnaie d’échange pendant la majeure partie de cette COP et risque d’être encore retardée. La décision sur l’objectif mondial en adaptation (Global Goal on Adaptation) doit rendre les pays développés imputables de fournir du financement public pour l’adaptation.
Le programme de travail pour une transition juste (JTWP) : Des progrès ont été réalisés pour inclure les droits de la personne et les droits des Peuples Autochtones, l’inclusion, la protection des travailleur.euse.s et la coopération internationale. Toutefois, en ces dernières heures, il manque encore un engagement de passer à l’action. Le texte du JTWP doit parler d’implantation, notamment par le biais d’orientations pour les contributions déterminées au niveau national et les mécanismes de coopération internationale.
Le soutien financier et technique : Au lieu d’encourager et d’accélérer l’action climatique, le système financier international actuel punit l’ambition. Une transition énergétique alignée sur Paris nécessitera des investissements de l’ordre de 4 300 milliards de dollars américains par an.
La sortie des combustibles fossiles doit s’accompagner d’un soutien public international considérablement accru en faveur d’une transition rapide et juste vers les énergies propres, y compris du financement pour l’accès universel aux énergies renouvelables. Pour les pays à faible revenu dont les économies dépendent actuellement fortement de l’extraction des énergies fossiles, la sortie est impensable sans un tel soutien.
Une formulation solide sur les énergies fossiles : Le texte doit faire référence à la nécessité de sortir des énergies fossiles, et non les émissions liées aux énergies fossiles. Il doit inclure un signal vers un déclin au cours de la présente décennie et différenciation qui reconnaisse la nécessité pour les pays développés d’agir en premier et plus rapidement.
Un risque majeur : qualifier la sortie des énergies fossiles avec des formules fourbes comme « sans dispositif d’atténuation » légitimerait des distractions dangereuses comme le captage et le stockage du carbone et laisserait la porte ouverte à davantage d’expansion du pétrole, du gaz et du charbon. La High Ambition Coalition (HAC) a clairement indiqué que les dispositifs d’atténuation ne doivent pas être utilisés pour donner le feu vert à l’expansion des énergies fossiles, mais le Canada n’a pas adhéré à ces déclarations et était notamment absent d’une récente conférence de presse de la HAC. Le Canada doit au minimum s’associer aux efforts de la HAC pour mettre en place des garde-fous solides autour du langage de la réduction des émissions.
Caroline Brouillette, directrice générale, Réseau action climat Canada:
« Le ministre Guilbeault a déclaré qu’il avait été chargé d’aider à trouver un langage sur lequel tous les pays peuvent s’entendre – mais cela ne peut signifier se contenter du plus petit dénominateur commun. Les pays en première ligne et l’écrasante majorité des parties qui soutiennent une sortie sans réserve des énergies fossiles ne doivent pas être ceux qui doivent faire des compromis une fois de plus.
« Le Canada doit adopter une position ferme en faveur de la sortie complète et équitable des combustibles fossiles. Cela permettrait non seulement de signaler aux pays du Sud qu’ils n’auront pas à payer pour l’histoire du Nord en matière de destruction fossile, mais aussi de rassurer les Canadien.ne.s après un été marqué par des feux de forêt dévastateurs pour les communautés et les écosystèmes qui ont touché de manière disproportionnée les Peuples Autochtones. »
André-Yanne Parent, Directrice générale, Réalité climatique Canada:
« Lorsque nous sommes à juste titre critiqués pour notre hypocrisie, en tant que pays qui a historiquement bénéficié et continue de profiter d’une économie fortement dépendantes des combustibles fossiles, la seule réponse acceptable sera d’agir, de mettre en œuvre, de faire notre juste part. Si nous sommes à la COP de la vérité, regardons-la en face : nous devons être les premiers à plaider en faveur d’une élimination réelle et équitable des combustibles fossiles, menée par les peuples autochtones et les travailleurs, avec de solides garde-fous pour éviter tout écueil. Nous devons veiller à ce qu’un financement climatique adéquat soit fourni tout en veillant à ce qu’il n’exacerbe pas les problèmes liés à la dette des pays et des communautés les plus touchés par l’impact dévastateur des changements climatiques. Ici et maintenant. »
Andréanne Brazeau, analyste des politiques climatiques, Équiterre:
« Le Canada n’est pas arrivé à la COP les mains vides, mais repartira-t-il la tête haute? Il doit en faire beaucoup plus pour être porteur de justice climatique en solidarité avec les communautés les plus impactées par la polycrise que nous vivons, dont les jeunes, les travailleurs et travailleuses, et les Peuples autochtones.
« La COP28 est la COP de la vérité, et la vérité, c’est que pour éviter les pires effets de la crise climatique, on doit laisser les énergies fossiles là où la nature les a mises : dans le sol. Le Canada doit se sortir la tête des sables bitumineux et demander le langage le plus complet et ambitieux sur la sortie des énergies fossiles. Il doit aussi veiller à ce que le principe de transition juste se transforme en mesures concrètes, tant dans les négociations internationales qu’à la maison, sans quoi il ne pourra pas rentrer la tête haute. »
Aliénor Rougeot, gestionnaire de programmes, Environmental Defence :
« Les pays sont venus à la COP28 avec la mission de créer un programme de travail sur la transition juste, afin de faire face aux impacts sociaux et économiques de l’action climatique. Toutefois, en ces derniers moments des négociations, il y a le risque que ce programme se réduise à une simple séance de discussions. Le Canada doit prendre les devants et appeler ses alliés à s’engager pour un programme qui aboutira à des décisions utiles et applicables. »
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Crédit photo: Konrad Skotnicki