Belém, Brésil, 22 novembre 2025 :
Le Réseau action climat Canada salue la décision prise lors de la COP30 de mettre en place un mécanisme de transition juste, un modèle qui permettra aux négociations internationales sur le climat de mettre l’accent sur la justice et l’ambition, des éléments qui font cruellement défaut dans les autres décisions adoptées aujourd’hui à Belém.
Caroline Brouillette, directrice exécutive du Réseau action climat Canada, a déclaré:
« Pour la première fois lors de la COP30, le monde s’est engagé à placer la justice pour les travailleur.euse.s et les communautés au cœur des négociations climatiques de l’ONU. Les efforts de nos mouvements ont porté leurs fruits : la décision relative à la transition juste contient les formulations les plus ambitieuses jamais vues lors d’une COP en matière de droits et d’inclusion, reconnaissant des groupes marginalisés tels que les femmes, les jeunes et les personnes d’ascendance africaine. Elle appelle également au respect et à la promotion des droits individuels et collectifs des peuples autochtones, notamment à leur autodétermination et à leur consentement libre, préalable et éclairé, affirmés dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Il reste beaucoup à faire pour concrétiser ces principes, mais aujourd’hui, nous célébrons cette avancée majeure pour connecter l’action climatique avec la vie des gens.
« La COP30 avait une tâche difficile à accomplir : maintenir le multilatéralisme climatique en vie au milieu d’un bouleversement géopolitique massif. Malgré les efforts déployés par la société civile et les leaders du Sud, les gouvernements n’ont pas réussi à s’entendre sur une réponse à la hauteur de l’écart entre les crises auxquelles nous sommes confronté.e.s et les promesses de l’accord de Paris. Tant que les pays riches ne prendront pas leurs responsabilités en matière de financement et d’adaptation, le monde continuera à se rapprocher du désastre. Et tant que la tendance aux négociations à huis clos se poursuivra, les COP continueront d’alimenter le cynisme et de produire des résultats moins satisfaisants que ce que l’inclusion et la transparence permettraient.
« Le silence du Canada lors de cette COP et le recul climatique à la maison n’ont pas aidé. Cela marque l’affaiblissement de plusieurs années de progrès et a été remarqué par nos alliés. Ici, à Belém, nous avons constaté un véritable momentum autour de la mise en œuvre de la transition hors des énergies fossiles. Il est décevant que cela ne se reflète pas dans le texte final, tout comme il est décevant que l’expansion des énergies fossiles au Canada soit si en décalage avec la direction prise par nos alliés et l’économie mondiale. »
Analyse supplémentaire :
- Après une pause de trois ans, la société civile a pu manifester ouvertement et montrer son pouvoir lors d’une COP organisée dans une démocratie. Mais au cours de la dernière semaine de la COP, la présidence brésilienne a contredit son propre esprit d’inclusion, d’ouverture et de « mutirão » en organisant très peu de réunions ouvertes et en laissant peu d’espace aux parties pour trouver un terrain d’entente sur des questions clés, ce qui a conduit à un résultat moins ambitieux que ce que la COP30 aurait pu atteindre autrement. Cela a également contribué à la séance plénière de clôture mouvementée, au cours de laquelle plusieurs pays d’Amérique latine ont soulevé des objections, affirmant qu’ils n’avaient pas eu l’occasion de s’exprimer avant que les décisions relatives au programme de travail mondial sur l’adaptation et l’atténuation ne soient adoptées.
- Les droits et l’inclusion des peuples autochtones ont dominé les débats de cette COP à juste titre, les leaders autochtones de l’Amazonie mettant en lumière la destruction à laquelle leurs communautés sont confrontées du fait de l’agro-industrie et des industries extractives. La réponse répréhensible de la CCNUCC à ces protestations légitimes reflète la violence et la militarisation auxquelles sont confrontés les défenseur.euse.s de la terre et de l’eau dans le monde entier, y compris au Canada, pour avoir fait valoir leurs droits et protégé leurs territoires.
- Le retrait du Canada de toute tentative de leadership climatique a été manifeste lors de cette COP : de l’absence du premier ministre Carney à l’annonce de ses grands projets, notamment l’expansion des énergies fossiles. Le ministre Dabrusin n’a rien apporté de substantiel à la COP30, et le manque de soutien du Canada en matière de financement de l’adaptation a contribué à ce résultat décevant.
- Le texte du Mutirão comprend un appel à tripler au moins le financement de l’adaptation d’ici 2035, dans le contexte du nouvel objectif collectif quantifié (NOCQ) — un résultat plus faible que ce que réclamaient les pays du Sud, compte tenu des lacunes du NOCQ et des besoins estimés en matière de financement de l’adaptation, qui s’élèvent à 310 milliards de dollars américains par an. L’incapacité des pays du Nord à fournir un financement adéquat pour l’adaptation et le manque de clarté sur le financement public sous forme de subventions ont bloqué les progrès dans toutes les voies de négociation lors de cette COP. Le Canada s’est présenté à Belém sans nouvel engagement en matière de financement climatique, malgré les appels de la société civile à venir à la COP avec un engagement adéquat et de haute qualité pour l’après-2026.
- En ce qui concerne la transition juste, outre la défense des droits humains, de l’égalité des genres et des droits des peuples autochtones dans la décision, le Canada a changé de position et s’est montré ouvert à des options en matière d’arrangements institutionnels—un reflet des efforts collectifs de la société civile.
- Le texte Mutirão a trouvé un compromis sur le commerce, qui est devenu une question de plus en plus controversée depuis que certains pays ont mis en place des mesures commerciales unilatérales. Il reconnaît les préoccupations légitimes des pays du Sud et crée des dialogues formels pour que ces discussions se poursuivent.
- Cette COP a été marquée par de nouvelles attaques contre l’égalité des genres et les droits des personnes 2SLGBTQ+, notamment par des tentatives d’adopter des définitions du genre qui excluent les personnes trans, non binaires et intersexuées. Bien que ces définitions restrictives du genre n’aient pas été intégrées dans les textes de la COP, ces interventions, ainsi que d’autres remarques homophobes et racistes formulées lors de la séance plénière finale, sont extrêmement problématiques et reflètent des tendances dangereuses dans le monde réel.
Citations :
Andrea Koehle Jones, Fondatrice et Directrice générale, Fondation ChariTree :
« Il est alarmant et déchirant de constater que les forêts ont quasiment disparu de l’accord central de la COP30 sur l’Amazonie, surtout quand on sait que les enfants seront les plus durement touchés par la destruction des écosystèmes. Avec plus d’un milliard d’enfants et de jeunes déjà exposés à des risques climatiques extrêmes, la protection urgente des forêts est non négociable. La Fondation ChariTree salue la décision relative à la transition juste et son langage plus ferme que jamais en matière de droits humains – une étape cruciale vers une action climatique qui protège les droits et l’avenir des enfants, alors que l’accélération du changement climatique menace leur santé, leur éducation et leur survie. »
Karine Ruel, directrice générale, Avocats sans Frontières Canada :
« À la suite de la COP30 à Belém, Avocats sans Frontières Canada exprime sa profonde préoccupation vis-à-vis les positions de nombreux États qui s’éloignent des responsabilités que leur impose le droit international, notamment par l’avis sans ambiguïté de la Cour internationale de justice exigeant des réductions d’émissions compatibles avec la limite de 1,5 °C. Nous appelons à un sursaut politique à la hauteur de l’urgence climatique, fondé sur l’équité et le respect du droit. »
-30-
Climate Action Network – Réseau action climat (CAN-Rac) Canada est le plus vaste réseau d’organisations travaillant sur les questions liées aux changements climatiques et à l’énergie au Canada. Il s’agit d’une coalition de près de 200 organisations opérant d’un océan à l’autre. Nos membres rassemblent des groupes environnementaux, des syndicats, des Premières Nations, des organisations de justice sociale, de développement, de santé et de jeunesse, des groupes religieux et des initiatives locales.
Pour plus d’informations ou pour organiser une entrevue, contactez :
Vicky Coo, Directrice des communications
comms@climateactionnetwork.ca