Belém, Brésil, 17 novembre 2025 :
À mi-chemin de la COP30, le Canada brille par son absence.
La ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Julie Dabrusin, était présente à Belém la semaine dernière, accompagnée du ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes, Steven Guilbeaut, sans toutefois réussir à démontrer si le Canada était toujours déterminé à être un leader dans la lutte contre les changements climatiques.
« La meilleure chose que l’on puisse dire de la présence du Canada à la COP jusqu’à présent, c’est qu’elle ne nuit pas autant que le plan de grands projets du premier ministre Carney chez nous », a déclaré Caroline Brouillette, directrice exécutive du Réseau action climat Canada. « Tout de même, il nous faut mieux que ça. Cette fin de semaine, 70 000 personnes ont défilé dans les rues de Belém pour exiger de vrais progrès à la COP30 pour réellement protéger les communautés et la planète. Alors que les négociations entrent dans une phase décisive, nous appelons le Canada à supporter et à prendre part au Mécanisme d’action de Belém, à se montrer un véritable partenaire de la finance climatique et de l’adaptation, et à prouver au monde que le Canada a bien plus à offrir que de polluer avec des énergies fossiles. »
Comme les mobilisations puissantes des défenseur•euses des terres autochtones lors de cette COP l’ont démontré, le processus de la CCNUCC reste déconnecté des réalités des communautés de premières lignes et des menaces réelles auxquelles elles sont confrontées en raison des impacts des changements climatiques et des industries extractives.
La société civile demande à la COP30 de mettre en place le Mécanisme d’action de Belém (BAM) pour une transition juste à l’échelle mondiale afin de faire entendre les voix des travailleur•euses et des communautés au sein de la CCUNCC, de coordonner les efforts en faveur d’une transition juste et relier l’action climatique à la réalité des populations. Le Canada n’a pas encore manifesté son appui au BAM bien que la communauté internationale se positionne davantage en soutien. La semaine dernière, le G77+ et la Chine ont répondu à cet appel, auquel l’Union européenne s’est jointe, dans un revirement de situation important, proposant un arrangement institutionnel. Malgré tout, le Canada n’a pas encore clairement fait connaître sa position.
Entre-temps, il apparaît clairement que le financement public, sous forme de subventions et visant en particulier l’adaptation, soit nécessaire pour faire avancer les négociations. Le Canada tarde toutefois à annoncer un nouvel engagement de financement climatique. L’annonce faite la semaine dernière par la ministre Dabrusin d’un financement de 392 milliards de dollars pour soutenir d’importants projets d’adaptation provient de l’enveloppe financière de 2021-2026, déjà existante, du Canada pour le climat, restant bien loin des engagements prévisionnels dont la COP30 a absolument besoin.
La COP30 se mobilise également autour d’une feuille de route pour une transition mondiale vers l’abandon des énergies fossiles, dans le sillage de la décision de la COP28, montrant ainsi le décalage croissant entre là où se dirigent le monde et les projets de développement pétrolier et gazier du Canada. La société civile souligne d’autant plus que toute feuille de route vers l’abandon des énergies fossiles doit être fondée sur l’équité et que sa réussite passe par un financement nécessaire, en particulier pour les communautés déjà affectées par la crise climatique.
Informations supplémentaires :
- Notons que le Canada a défendu le rôle de la science et l’expertise du Groupe d’experts intergouvernemental sur les changements climatiques, une initiative importante dans un contexte de désinformation et de mésinformation croissantes. Le Réseau action climat Canada salue l’intervention du Canada en ce sens et demande au gouvernement fédéral de donner suite par des mesures conformes aux exigences scientifiques.
- Le Canada a également signé la Déclaration sur l’intégrité de l’information sur les changements climatiques. Son dernier budget fédéral prévoit toutefois d’assouplir la loi contre l’écoblanchiment.
- Les lobbyistes des énergies fossiles sont à nouveau très présents à la COP, représentant 1 participant sur 25 à Belém, dont une douzaine ont été identifiées dans la délégation canadienne à ce jour.
Citations :
Michèle Asselin, directrice générale, Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) :
« À la COP30, le Canada doit démontrer un leadership concret en appuyant fermement le mécanisme d’action de Belém pour une transition juste. Ce mécanisme est essentiel pour garantir que personne ne soit laissé pour compte dans la transformation de nos économies vers la carboneutralité.
« Nous insistons également sur l’adoption d’un nouveau Plan d’action sur le genre qui soit véritablement ambitieux et transformateur, reconnaissant que les femmes et les personnes de genre divers sont à la fois disproportionnellement affectées par la crise climatique et porteuses de solutions innovantes.
« De plus, il est essentiel que le respect des droits des peuples autochtones soit au cœur de toute action climatique, en leur assurant une participation pleine, équitable, inclusive et effective au sein des décisions climatiques mondiales.
« Le Canada ne peut prétendre être un leader climatique sans honorer ces trois engagements fondamentaux qui incarnent les principes de justice, d’équité et de respect des droits humains que nous défendons. »
Andreánne Martel, directrice du projet ReSea, Mission inclusion :
« Nous traversons une période sans précédent pour défendre l’égalité de genre. Certains Parties tentent de nous faire reculer, mais nous n’accepterons aucun retour en arrière.
« La crise climatique amplifie les inégalités : elle touche d’abord les plus vulnérables, et les femmes en paient un prix disproportionné notamment en raison de leurs responsabilités de soin et de leur manque de pouvoir dans la société. Tenter de réduire la notion de genre à une définition étroite, c’est bloquer les négociations et empêcher des avancées impératives.
« Nous devons défendre une action climatique sensible au genre, qui tienne compte de la diversité des identités et des réalités socio-économiques. Il n’y aura pas de transition juste sans l’inclusion de l’égalité de genre. Ainsi, nous souhaitons que la deuxième semaine se conclue sur l’adoption d’un nouveau Plan d’action sur l’égalité de genre transformateur et ambitieux. »
Pour plus d’informations ou pour organiser une entrevue, contactez :
Vicky Coo, Directrice des communications
comms@climateactionnetwork.ca
-30-
Climate Action Network – Réseau action climat (CAN-Rac) Canada est le plus vaste réseau d’organisations travaillant sur les questions liées aux changements climatiques et à l’énergie au Canada. Il s’agit d’une coalition de près de 200 organisations opérant d’un océan à l’autre. Nos membres rassemblent des groupes environnementaux, des syndicats, des Premières Nations, des organisations de justice sociale, de développement, de santé et de jeunesse, des groupes religieux et des initiatives locales.