Territoires non cédés de la Nation algonquine anishinaabe [OTTAWA], 4 novembre 2025 :
Aujourd’hui, le gouvernement fédéral a déposé le budget 2025 à la Chambre des communes, incluant une stratégie de compétitivité climatique peu convaincante. Le budget reprend en grande pompe les engagements pré-existants pour le climat et l’environnement, mais ne présente que très peu de nouveaux détails. En coupant dans les emplois de la fonction publique et en réduisant la mise en oeuvre des programmes ministériels, le budget menace la capacité du gouvernement à prendre des mesures concrètes contre les changements climatiques.
« La société civile attendait le budget 2025 et la stratégie de compétitivité climatique dans l’espoir de découvrir la grande vision de ce gouvernement visant à protéger les Canadiens et Canadiennes des impacts des changements climatiques tout en renforçant notre souveraineté et notre résilience », a déclaré Caroline Brouillette, directrice exécutive du Réseau action climat Canada (CAN-Rac). « Nous attendions des précisions indispensables sur la manière dont Ottawa prévoit diversifier l’économie pour nous affranchir des énergies fossiles, instables, respecter nos obligations internationales pour la lutte contre la crise climatique, et guider le Canada vers un avenir énergétique plus sécuritaire, abordable et durable.
« Nous attendons toujours.
« Ce budget démontre que l’«austérité» s’applique aux efforts visant à protéger les gens et la planète, mais qu’il est toujours possible de trouver plus d’argent pour les dépenses militaires et les industries polluantes. Il ne fait aucune référence aux engagements de réduction des émissions ni à sa prochaine contribution à la finance climatique internationale, et au contraire planifie d’assouplir la loi contre l’écoblanchiment, s’éloigne encore davantage du plafonnement des émissions du pétrole et du gaz et réduit l’aide internationale.
« Le Corps jeunesse pour le climat offre une lueur d’espoir, promettant un travail significatif aux jeunes Canadiens et Canadiennes, et représente une victoire durement acquise par les mouvements jeunesse et pour le climat. Dans l’ensemble, cependant, et à l’approche de la COP30, ce budget ne fait pas bonne figure pour le premier ministre Carney et le Canada. »
Au sujet du Corps jeunesse pour le climat :
Le budget 2025 attribue 40 millions de dollars investis sur deux ans pour créer un service jeunesse pour le climat et offrir une formation rémunérée aux jeunes Canadiens et Canadiennes, et ce, à compter de 2026-2027. Le budget prévoit que ces emplois permettront de répondre aux urgences climatiques, de soutenir les mesures de rétablissement et d’accroître la résilience des communautés partout au pays.
Malaika Collette, assistante aux politiques jeunesse à CAN-Rac, a ajouté : « Le financement d’un service jeunesse pour le climat est une avancée majeure qui arrive à point nommé et qui est aussi le résultat d’années d’efforts concertés de la société civile. Nous espérons que ce ne soit que le début et que le gouvernement augmentera progressivement le financement et le nombre d’emplois offerts. Aujourd’hui, nous célébrons cette victoire; demain, nous serons impatients de travailler avec le gouvernement pour mettre en oeuvre et développer le programme. »
Analyse additionnelle :
- CAN-Rac salue l’engagement du gouvernement fédéral à renforcer la tarification du carbone industriel. Améliorer l’application de la référence et du filet de sécurité fédéral lorsque les systèmes provinciaux et territoriaux de tarification du carbone sont insuffisants est une mesure indispensable pour accroître l’ambition de la tarification du carbone industriel. Le gouvernement fédéral doit veiller à ce que cela conduise bel et bien à accroître l’ambition plutôt que de se contenter du plus petit dénominateur commun sur lequel « l’équipe Canada » est capable de s’entendre.
- De même, l’engagement pris dans le budget 2025 de finaliser la réglementation sur le méthane provenant des sites d’enfouissement et l’amélioration de la réglementation sur le méthane provenant du pétrole et du gaz permettra de réaliser d’importants progrès supplémentaires dans la réduction des émissions.
- Le renouvellement de l’engagement du gouvernement fédéral à mettre en œuvre le crédit d’impôt à l’investissement pour l’électricité propre est bienvenu. Le budget 2025 fait de grandes promesses quant à la mise en œuvre du règlement sur l’électricité propre en collaboration avec les provinces et les territoires de manière à moderniser le réseau électrique afin d’attirer de nouveaux investissements, à garantir que le réseau soit propre et à développer les interconnexions interprovinciales. Le gouvernement fédéral doit respecter cet engagement en adoptant la législation pour le crédit d’impôt à l’investissement pour l’électricité propre avant que le Parlement ne suspende ses travaux pour la pause hivernale.
- Toutefois, le budget 2025 ne prévoit aucun investissement pour soutenir l’expansion d’un réseau électrique propre est-ouest au-delà du crédit d’impôt. L’absence de financement spécifique ne permet pas d’offrir la sécurité financière et réglementaire dont ont besoin les provinces, les territoires et les investisseurs privés. Ce manque à gagner entraînera des déficits de financement que de nombreuses provinces ne seront pas en mesure de combler et qui finiront par retarder la construction et l’exploitation du réseau.
- Il est d’autant plus préoccupant que le gouvernement définit l’électricité « propre » en incluant le recours au gaz, à l’hydrogène et au nucléaire, reléguant au second plan les sources d’énergie renouvelables telles que l’éolien et le solaire. En mettant l’accent sur les centrales électriques au gaz, le gouvernement fédéral risque d’accroître notre dépendance vis-à-vis les énergies fossiles.
- Bien que le premier ministre Carney ait promis de ne pas réduire l’aide au développement officielle, le budget 2025 prévoit de réduire l’aide internationale de 2,7 milliards de dollars sur quatre ans. Il s’agit là d’une décision désastreuse qui affaiblira la crédibilité du Canada sur la scène internationale et nuira aux communautés les plus vulnérables. Cette décision ne reconnaît pas la nécessité et le besoin de bonifier davantage l’enveloppe de l’aide internationale en même temps que le financement climatique afin de soutenir le développement durable.
Découvrez d’autres réactions et analyses par nos collègues des mouvements syndicaux, dédiés à la coopération internationale et le développement ainsi qu’à la défense des droits des personnes migrantes.
Citations :
Keith Stewart, stratège sénior en énergie, Greenpeace Canada :
« C’est un budget qui dépense massivement sur la militarisation du pays. On dépense des milliards pour les frontières, la police et l’armée, pendant qu’on coupe dans les programmes qui aident les personnes et protègent la nature. On ne peut pas dire qu’on prépare l’avenir si on recule sur le climat, en laissant les compagnies pétrolières polluer davantage et en affaiblissant les lois contre l’écoblanchiment. »
Charles-Édouard Têtu, Analyste politique – Climat et énergie, Équiterre :
« On s’engage encore dans la voie des énergies fossiles en repoussant aux calendes grecques les projets structurants qui seraient bénéfiques pour l’environnement. On met en doute des mesures environnementales concrètes pour faire plaisir à l’industrie pétrogazière, comme le plafonnement des émissions, qu’on souhaite remplacer par des mesures à l’avenir incertain, qui dépendent notamment de la bonne volonté de l’Alberta. »
Brendan Haley, Directeur principal de la stratégie politique, Efficacité énergétique Canada :
« Le budget fédéral de 2025 a manqué une occasion importante de faire de l’efficacité énergétique un projet national favorisant la productivité. Le refus d’Ottawa de revenir sur la décision sur l’arrêt soudain du programme de prêts Maisons plus vertes, ou de corriger les mesures qui privilégient les crédits d’impôt au détriment des solutions axées sur la demande, compromettent les progrès en matière d’efficacité énergétique et d’abordabilité. Bien que la Stratégie pour la compétitivité climatique et d’autres initiatives récemment lancées ne répondent pas aux attentes, Efficacité énergétique Canada continuera de plaider en faveur de politiques publiques qui offrent des avantages durables aux ménages propriétaires, aux entreprises et à l’environnement. »
Dre Melissa Lem, présidente de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement (ACME) :
« En affectant des fonds publics à des projets liés aux combustibles fossiles sans tenir pleinement compte de leurs répercussions sur la santé et le climat, le gouvernement met en péril le bien-être de la population canadienne. Ignorer ces risques revient à faire fi des données scientifiques et des conséquences humaines, notamment l’aggravation des maladies respiratoires, les décès liés à la chaleur et la contamination des sols, de l’eau et de l’air. Nous sommes également très préoccupés par le fait que le plafond proposé pour les émissions de gaz à effet de serre provenant du pétrole et du gaz puisse être supprimé et que la gestion des polluants toxiques n’ait reçu aucune attention dans ce budget. Nous devons réitérer ce que nous avons souligné la semaine dernière avec la Coalition pour un budget vert : investir dans un réseau électrique propre, des logements résistants au climat, la protection de la nature et la protection contre les produits chimiques toxiques, ce n’est pas seulement une bonne politique environnementale, c’est aussi une bonne politique de santé. Chaque dollar que nous investissons aujourd’hui dans la prévention de la pollution et des dommages climatiques rapporte demain des dividendes sous forme de familles en meilleure santé et de coûts de santé réduits. »
-30-
Climate Action Network – Réseau action climat (CAN-Rac) Canada est le plus vaste réseau d’organisations travaillant sur les questions liées aux changements climatiques et à l’énergie au Canada. Il s’agit d’une coalition de près de 200 organisations opérant d’un océan à l’autre. Nos membres rassemblent des groupes environnementaux, des syndicats, des Premières Nations, des organisations de justice sociale, de développement, de santé et de jeunesse, des groupes religieux et des initiatives locales.