Published On: février 28, 2022

Pour diffusion immédiate.

Territoires non-cédés de la Nation algonquine anishinaabe [OTTAWA], 28 février 2022 :

Le nouveau rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur les impacts climatiques et l’adaptation confirme que la seule façon d’éviter des souffrances sans précédent est de donner la priorité à la justice climatique.  Le rapport démontre également que des réductions profondes et rapides des émissions de gaz à effet de serre sont essentielles pour prévenir les impacts à croissance exponentielle et maintenir l’augmentation de la température mondiale sous 1,5°C. Le Réseau action climat Canada (CAN-Rac) demande au gouvernement fédéral de démontrer qu’il comprend l’urgence de ce rapport historique en le déposant immédiatement au Parlement pour un débat d’urgence.

Le rapport montre qu’aucune région du monde, y compris le Canada, n’est à l’abri des impacts climatiques. Les personnes les plus vulnérables de la société sont en première ligne de la crise climatique, notamment les peuples autochtones, les personnes racisées, les enfants, les personnes âgées, les femmes et les personnes handicapées.

Le rapport dresse un tableau saisissant des coûts élevés de l’inaction. Des inondations, des feux de forêt, des vagues de chaleur et des sécheresses plus fréquentes et plus graves détruisent les moyens de subsistance, les maisons et les communautés. Les écosystèmes s’effondrent. La sécurité alimentaire et de l’eau et les systèmes de soins de santé cèdent sous la pression. Si aucune mesure radicale n’est prise, les conséquences catastrophiques s’aggraveront.

Pour la première fois, ce rapport du GIEC souligne l’urgence de donner la priorité à la justice climatique et sociale. L’urgence planétaire est le résultat direct de l’accaparement colonial des terres et de l’extraction des ressources par les pays riches. Changer de voie implique de transformer nos systèmes sociaux et économiques pour donner la priorité à la santé, à la sécurité et au bien-être des personnes les plus pauvres et les plus à risque. Le rapport reconnaît également l’importance cruciale d’une action climatique menée par les peuples autochtones et la nécessité de faire respecter leurs droits et leur souveraineté.

Ce rapport du GIEC indique clairement que les impacts climatiques actuels constituent une menace pour la santé, la sécurité, le développement économique et les moyens de subsistance des personnes vivant au Canada, notamment les peuples autochtones. CAN-Rac Canada exhorte le gouvernement fédéral à ouvrir une conversation nationale sur les impacts actuels et les pertes et dommages économiques et non économiques prévus dans les régions et les villes canadiennes en déposant le rapport pour un débat d’urgence au Parlement.

Le rapport souligne l’urgence de réductions plus rapides et plus importantes des émissions pour éviter les pires conséquences des changements climatiques. En tant que l’un des plus grands émetteurs et producteurs de combustibles fossiles au monde, et en tant que pays confronté à des pertes et des dommages importants, le Canada doit jouer un rôle de premier plan dans la réduction des émissions et préparer les personnes et les communautés à faire face aux impacts climatiques, tout en offrant du soutien aux travailleur.euse.s. Le prochain plan de réduction des émissions du gouvernement fédéral et les plafonds d’émissions pour le pétrole et le gaz doivent montrer comment il exigera de tous les secteurs de l’économie – incluant l’industrie des énergies fossiles, le secteur le plus émetteur du Canada – qu’elles réduisent immédiatement et fortement leurs émissions de carbone. Le Canada doit également s’engager à lutter contre les pertes et les dommages, tant au niveau national qu’international.

Ce rapport représente l’exercice scientifique le plus ambitieux en matière d’adaptation, des impacts et des pertes et dommages causés par le réchauffement climatique. Il est publié alors que nous continuons de faire face à une pandémie qui a exposé les vulnérabilités des systèmes qui nous gouvernent, les inégalités frappantes entre les pays, et les risques lorsque les gouvernments ignorent la science. Le Résumé à l’intention des décideurs, – approuvé par tous les pays –   critique durement l’approche incrémentaliste des décideur.euse.s face à l’urgence climatique : « La plupart des adaptations observées sont fragmentées, à petite échelle, incrémentales, spécifiques à un secteur, conçues pour répondre aux impacts actuels ou aux risques à court terme, et axées davantage sur la planification que sur la mise en œuvre » (traduction libre). Le temps est venu pour que les gouvernements passent de la parole aux actes en prenant des mesures rapides et transformatrices au cours de cette décennie.

Chiffres mondiaux à retenir :

  • Aujourd’hui, environ 3,3 milliards de personnes vivent dans des pays où la vulnérabilité humaine au changement climatique est élevée.

  • Chaque année depuis 2008, plus de 20 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur de leur pays en raison d’événements climatiques extrêmes.

  • La mortalité observée due aux inondations, à la sécheresse et aux tempêtes est 15 fois plus élevée dans les pays très vulnérables que dans les pays moins vulnérables au cours de la dernière décennie.

  • Avec une augmentation de la température mondiale de 1,5 °C, 1 à 14 % des espèces terrestres seront exposées à un risque très élevé d’extinction. Si le réchauffement se poursuit jusqu’à 3°C, le risque d’extinction des espèces uniques et menacées sera au moins 10 fois plus élevé.

  • La moitié de la population mondiale connaît une grave pénurie d’eau pendant au moins un mois par année en raison de divers facteurs climatiques.

  • En Afrique, 55 à 68 % des espèces de poissons terrestres exploitées commercialement seront menacées d’extinction si le réchauffement climatique atteint 2,5 °C d’ici 2071 à 2100.

  • Les dommages directs causés par les inondations devraient être multipliés par 4 à 5 à 4°C par rapport à 1,5°C.

Principaux points à retenir au Canada : 

  • Au Canada, la désinformation et la résistance active à l’action climatique persistent. Les lobbyistes de l’industrie pétrolière et gazière ont dépensé des milliards pour décrédibiliser la science climatique ayant comme résultat le délai de plusieurs décennies dans l’adoption des politiques climatiques.

  • Les impacts environnementaux et socioculturels dans l’Arctique ont un effet négatif sur les moyens de subsistance, l’accès aux services, la sécurité alimentaire et le bien-être des populations nordiques.

  • Les coûts économiques des impacts climatiques ont augmenté au Canada depuis 1983, passant d’une moyenne d’environ 0,4 milliard de dollars à 1,9 milliard de dollars par an. Ces montants ont été beaucoup plus élévés à certains moments durant la même période.

  • Les incendies de forêt sont l’un des principaux risques liés aux changements climatiques au Canada. Ils ont déjà entraîné des coûts financiers importants : l’incendie de Fort McMurray en 2016 a causé 3 milliards de dollars de dommages assurés. En 2017, l’une des pires saisons de feux, la Colombie-Britannique a dépensé plus de 500 millions de dollars pour l’extinction des incendies.

  • Les incendies accompagnés d’autres facteurs pourraient causer des pertes cumulées de 459 milliards de dollars en foresterie d’ici 2080, les pires pertes étant enregistrées en Colombie-Britannique, en Saskatchewan, au Manitoba et dans les Territoires du Nord-Ouest.

  • Le Canada subit des pertes et des dommages plus importants en raison de l’augmentation de la gravité des inondations et des changements dans l’intensité, la temporalité et la forme des précipitations.

  • Les changements climatiques ont entraîné une réduction de 85 à 99 % du varech, un habitat important pour les poissons, au large des côtes de la Nouvelle-Écosse.

Citations :

Eddy Pérez, Directeur de la diplomatie climatique international,Climate Action Network – Réseau action climat Canada:

« Les scientifiques sont clairs : pour éviter des scénarios cauchemardesques, nous devons mettre fin à cette dangereuse dépendance au pétrole et au gaz, qui alimente la crise climatique, détruit la nature, nous rend malade et nous appauvrit. La réduction drastique des émissions par tous les gouvernements est urgente afin de nous protéger des terribles conséquences sur la santé et d’éviter des pertes irréversibles de la biodiversité. Ce rapport nous place devant un choix : soit nous continuons sur la voie du désastre, soit nous travaillons ensemble pour construire un monde plus équitable, plus juste et plus sûr. »

Aliénor Rougeot, Responsable de Programme Climat et Énergie, Environmental Defence:

« ​​​​Les scientifiques du monde nous livrent leur compte rendu le plus sévère à ce jour quant à l’avenir effrayant qui nous attend si nous n’agissons pas sur le dérèglement climatique. Il est impératif de réduire nos émissions immédiatement et de façon conséquente, car chaque fraction de degré de réchauffement évité sauvera des vies. Le Canada a le devoir et le potentiel d’en faire bien plus, et en réponse à ce rapport, il nous incombe d’entamer enfin l’élimination des énergies fossiles. Ce rapport du GIEC ne laisse place à aucun doute: ce sont des vies, des villes et des écosystèmes qui sont en jeu. »

Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada:

 « L’augmentation des risques que prévoit ce rapport donne froid dans le dos alors que les changements climatiques causent déjà d’importants dommages aux communautés et aux écosystèmes, et que le Canada ne n’est pas à l’abri comme l’ont démontré les récentes canicules meurtrières, feux de forêt et inondations. Ce rapport doit servir d’électrochoc pour tous les gouvernements qui doivent mettre en œuvre des changements systémiques sans précédent. Ils doivent assurer une élimination rapide de l’usage des combustibles fossiles et proposer une action climatique beaucoup plus ambitieuse et respectueuse des exigences de la science. »

Émile Boisseau-Bouvier, analyste des politiques climatiques chez Équiterre:

« Ce que ce rapport nous dit, c’est que nos gouvernements et, par conséquent, le reste de la société sont loin d’être prêts à affronter les coûts astronomiques que la crise climatique entraîne déjà et qu’elle entraînera plus tard. De la façon dont nous y répondons actuellement, nous nous rendrons plus vulnérables, moins en sécurité et moins en santé. À l’aube des budgets provinciaux et fédéraux dans les prochaines semaines, c’est donc très troublant de constater à quel point la crise climatique est au mieux reléguée au second plan des discussions et au pire carrément absente du discours. »

Sabaa Khan, responsable de l’équipe climat et directrice générale pour le Québec et l’Atlantique à la Fondation David Suzuki:

« Ce rapport du GIEC atteste de la répartition extrêmement inégale des traumatismes, pertes et dommages culturels, sociaux et économiques causés par la crise climatique provoquée par les activités humaines. Il affirme également qu’un autre avenir est possible et qu’il est défendu par les acteurs de la société civile mondiale qui mènent les mouvements en faveur de l’action climatique à un rythme sans précédent. Il est temps pour les gouvernements de redéfinir l’économie générale si l’humanité et la nature doivent prospérer. »

« Il n’y a plus de temps à perdre pour les mêmes politiques et économies, qui ont conduit à des modes de production et de consommation industriels mondiaux qui non seulement provoquent une extinction de masse et alimentent les conflits mondiaux, mais anéantissent les milieux de vies des populations les plus vulnérables. La conscience publique de la nécessité impérative d’une action climatique transformationnelle est clairement arrivée et les gouvernements doivent répondre en reconnaissant la protection de la vie et des moyens de subsistance des êtres humains et des écosystèmes comme l’axe fondamental de toute coopération, de tout commerce et de tout investissement au niveau mondial. »

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Climate Action Network – Réseau action climat (CAN-Rac) Canada est le réseau le plus étendu d’organisations travaillant sur les questions de changement climatique et d’énergie au Canada. Il s’agit d’une coalition de plus de 130 organisations opérant d’un océan à l’autre. Nos membres rassemblent des groupes environnementaux, des syndicats, des Premières Nations, des organisations de justice sociale, de développement, de santé et de jeunesse, des groupes religieux et des initiatives locales.

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CRÉDIT PHOTO : Ishan Tankha / Climate Visuals Countdown